L’ampleur du changement climatique et les peurs de ses conséquences mènent à questionner en profondeur notre modèle social-libéral occidental de marché. Dans ce débat, les partisan·e·s d’une économie environnementale qui s’inscrit dans le capitalisme côtoient ceux et celles qui souhaitent un changement radical de modèle de société. Pourtant, l’urgence du défi et son universalisation font craindre une dépolitisation des approches. Une posture qui peut être dépassée en encastrant la question climatique dans les luttes sociales et culturelles.
Le mouvement écoféministe est né il y a quelques décennies du constat qu’il existe une analogie entre l’exploitation de la femme et l’exploitation de la nature. Dans le contexte actuel d’urgence et d’effondrement et à l’heure où ressurgit le concept de convergence des luttes, l’intérêt pour ce courant féministe refait surface. Pour Marijke Colle, écoféministe de la première heure, qui mieux que les femmes est à même de prendre conscience de l’interconnexion entre nature et vie humaine, de l’urgence d’agir, de stopper la destruction de la planète ?
« Je fais ma part ». Cette posture est celle du colibri qui tente, dans une fable amérindienne, d’éteindre un incendie de forêt en transportant quelques gouttes d’eau dans son bec. De prime abord, l’image est enthousiasmante. Elle encourage chacun·e à s’engager individuellement et à contribuer comme il·elle le peut à la résolution des problèmes. Mais quand on l’analyse de près, cette vision de l’engagement et de l’action qui se focalise sur l’individu comme moteur du changement pose question. Elle est aujourd’hui pourtant fort présente quand on parle de lutte contre le changement climatique. Surtout, cette vision fait l’impasse sur les responsabilités systémiques qu’il s’agit de comprendre dans le cadre du modèle capitaliste et de ses dérives.
En avril prochain, le MOC organisera sa Semaine sociale sur le thème de la transition écologique. Ce dossier est l’occasion de présenter différentes théories ou courants porteurs d’un projet de transition écologique et sociale. De quoi poser le débat à l’heure où semble émerger dans la société une inquiétude urgente et grandissante face à la situation non seulement sociale mais également écologique, climatique et d’anéantissement de la biodiversité en particulier 1.
L'agroécologie prône une vision plus responsable de l'agriculture, plus respectueuse de la Terre et de l'Homme. Elle trouve une résonance croissante chez nous, tant dans la société que dans le monde agricole. Quels sont les enjeux de l'agriculture de demain auquel tente de répondre ce modèle alternatif ? Comment creuse-t-il son sillon dans notre paysage agricole ? Quels sont les principes, freins et leviers pour sa mise en œuvre et sa pérennisation ? Éclairage avec un collectif multidisciplinaire de professeurs d'université.
Dans le texte 1 que nous publions ci-dessous, Michaël Löwy propose une analyse politique de l’encyclique du pape François consacrée à l’écologie Laudato Si’. Sur la sauvegarde de la maison commune. Ce document, par sa remise en cause radicale des modes de production et de consommation et par son association constante des questions écologique, sociale et économique, constitue, selon l’auteur, une contribution décisive à la construction d’une analyse « anti-systémique » 2 de la crise écologique. Une analyse dont peuvent se saisir tous ceux qui refusent la rationalité instrumentale dominante.
Du 12 au 16 mai dernier, en Allemagne, plus de 3.500 personnes, dont une centaine de Belges, ont participé à « Ende Gelände ! »1 (ce qui signifie : «jusqu’ici et pas plus loin !»), une action de désobéissance civile de masse pour bloquer, pendant deux jours, l’un des sites d’extraction les plus polluants d’Europe — une mine de charbon lignite et une centrale de production d’électricité2. Retour d’expérience.
En dépit de l’accumulation des rapports indiquant qu’il est urgent de réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre, les réponses politiques actuelles semblent dramatiquement inadaptées. Les émissions globales continuent à augmenter et, en Europe, l’ambition des politiques climatiques a souffert du contexte de crise. Explications.
Ces dernières années, le déni du dérèglement climatique n’a cessé de marquer des points. Derrière ce discours conservateur se profile une stratégie tantôt savamment orchestrée (États-Unis), tantôt plus éclatée et centrée sur l’aura de quelques personnalités prisées par les médias (Europe). On en sait davantage, aujourd’hui, sur les ressorts des « sceptiques ». Qui portent bien mal leur nom...