Le conflit en Ukraine a sonné comme un «retour du spectre de la guerre», engendrant des réactions psychologiques et sociales, allant de la peur, la sidération à un regain d’enthousiasme militariste. D’autres guerres, elles, sont à peine nommées ou regardées. Si la guerre est une question économique et politique, elle est aussi une affaire d’affects, comme nous l’explique Déborah V. Brosteaux dans son ouvrage Les désirs guerriers de la modernité, issu en grande partie de sa thèse de doctorat en philosophie (ULB). Elle creuse l’ambivalence de nos rapports aux guerres à travers les 20 et 21e siècles, entre mise à distance et frénésie.
La guerre à Gaza oblige à penser l’inégalité des vies, en termes à la fois quantitatif et qualitatif, à la fois d’existences qui ne sont pas dignes d’être racontées et de morts qui ne sont pas dignes d’être pleurées. Cette relecture oblige alors à analyser les raisons pour lesquelles le monde–et particulièrement le monde occidental en ce qu’il se prévaut de valeurs qu’il présume universelles – a non seulement consenti à l’oblitération de tout ce qui pouvait signifier la vie à Gaza, mais a également soutenu l’entreprise criminelle qui la perpétrait .
Figure incontournable de la paix en République démocratique du Congo (RDC), Annie Matundu Mbambi, surnommée Maman 1325, milite depuis plus de trente ans pour une paix durable et inclusive portée par et pour les femmes. De la vulgarisation de la résolution 1325–qui vise à reconnaitre le rôle essentiel des femmes dans les processus de paix et de sécurité–à l’accompagnement des organisations féminines, en passant par la formation des jeunes, elle agit comme un amplificateur de voix, un pont entre les communautés et les institutions et comme un levier de transformation des idées en actions concrètes.
Examiner l’histoire du militantisme pour la paix sur une temporalité assez longue permet de souligner le rôle précurseur d’hommes et de femmes qui, dès le 19e siècle, ont contribué à remettre en cause la légitimité de la guerre comme instrument de résolution des litiges entre États. En popularisant les méthodes de règlement pacifique des conflits par la mise en place d’une justice internationale et en soutenant la création d’organisations multilatérales favorisant la coopération internationale, ils et elles ont travaillé à l’édification d’un système international plus sûr et plus juste, aujourd’hui cependant de plus en plus contesté et menacé.