Faire une pause. Locution signifiant «interrompre une activité pendant un temps et la reprendre plus tard». Faire un break au boulot. Classique. Faire une pause dans son couple. Potentiellement salvateur. Mais faire une pause semble carrément tendance en politique. Notre Premier ministre a sorti la solution de la «pause environnementale» de son chapeau. Comme si le cours de la destruction du monde allait suivre cette injonction. L’idée semble aussi convaincre l’UE qui a proposé de faire une pause dans la guerre Israël-Hamas. Une solution «pragmatique» pour acheminer de l’aide humanitaire auprès d’une population prise au piège des bombardements. «Pause! On ne tue pas tout le monde d’un coup. On les aide d’abord...» Quel sinistre sursis... Quel sens aussi de faire une pause dans une relation asymétrique où l’une des deux parties pratique l’apartheid, l’invisibilisation, la déshumanisation de l’autre? Si les responsables politiques choisissaient la voie du courage face aux grands enjeux de notre temps, les mouvements sociaux, ONG, citoyen·nes et populations civiles en proie aux conflits pourraient eux se mettre en pause. Mais non, ils se doivent d’exiger un cessez-le-feu pour que soient trouvées les conditions d’une paix juste et durable. Car si l’on ne veut pas d’une «paix des cimetières », pour reprendre les mots de Mona Chollet, il est urgent de stopper le massacre en cours et de reconnaitre l’existence, l’humanité et la liberté des Gazaouis. #