Ce numéro de Démocratie, intitulé "Faire exister la paix" parle d’existences sacrifiées, de déplacements forcés, de vies amputées. Contre la dépréciation des vies des Palestinien·nes, Didier Fassin appelle à entendre les voix des poétesses et poètes : celles et ceux qui racontent Gaza non pas en chiffres, mais en histoire vécue, avec ses résistances, ses oppressions, ses espoirs. Comme Niamat Hassan quand elle dit : «À Gaza la mère ne dort pas. Elle tend l’oreille à la pénombre, en surveille les alentours, distingue les bruits, un à un, pour qu’ils lui inspirent l’histoire qu’il faut pour bercer ses enfants. Et quand tout le monde s’endort, elle se dresse tel un bouclier face à la mort. À Gaza la mère ne pleure pas. Elle retient dans ses poumons la peur, la colère, les prières et attend que le bourdonnement des avions cesse pour expirer. » Face aux ravages de la guerre, la poésie est un refuge, un territoire où l’on peut exister. Un poème, dit Mosab Abu Toha, « ce ne sont pas seulement des mots placés sur une ligne. C’est un tissu. Je tisse mes poèmes avec mes veines. Je veux construire un poème comme une maison solide, mais, je l’espère, pas avec mes os. » Se joue ici une tout autre bataille culturelle que celle que l’on invoque tous les jours (ou presque) pour analyser les sorties médiatiques de certains de nos élu·es politiques...#