«Les Palestiniens sont abattus. Les Palestiniens meurent de faim. Des enfants palestiniens sont retrouvés morts. Dans le cycle d'informations quasi-constant sur Gaza, les Palestiniens semblent mourir des mains d'un bourreau invisible. Mais où est l'obligation de rendre des comptes ? Les Palestiniens meurent, ils ne sont pas tués, comme si leur mort était due à leur propre faute.» C’est par ces mots que commence la chronique «La Palestine et le pouvoir de la langue», signée par Elena Dudum écrivaine palestinienne-américaine dans le Time. Elle y explique avoir, au fil des ans, «passé  au peigne fin les titres des journaux à la recherche d'une voix active dans un océan de passivité». Et termine son article en remettant les mots à leur place : «Permettez-moi donc de modifier les déclarations ci-dessus, comme mes anciens professeurs d'anglais me l'auraient demandé, et de les mettre à la voix active : Israël bombarde des écoles palestiniennes. Israël bombarde des hôpitaux avec l'aide nécessaire. Israël bombarde des centres communautaires et des lieux saints historiques qui existent depuis des siècles. Israël épuise les ressources palestiniennes. Israël bombarde Rafah, qui abrite plus d'un million de Palestiniens déplacés, après avoir déclaré qu'il s'agissait d'une zone sûre. Israël affame Gaza.»
 
Ses mots ne sont pas sans rappeler ceux - inoubliables - de l’autrice camerounaise Leonara Miano qui dénonçait aussi l'impact des forme grammaticales sur les représentations sociales. « On ne se fait pas violer. On est violé. On est, on est, on est violé. On ne fait rien. On est. C’est l’autre qui fait. Le viol, c’est l’autre qui le fait.» 
 
Ce ne sont pas juste des mots. C'est une grammaire plus juste pour dire mieux – ou moins taire –  les violences et les guerres.

Le Gavroche

Palestine : remettre les mots à leur place

«Les Palestiniens sont abattus. Les Palestiniens meurent de faim. Des enfants… Lire la suite
Mai 2019

Tous les numéros

DEMO NOV 23