Il y a dix ans mourrait assassiné Roger Vanthournout, prêtre ouvrier maçon. Révolté par la misère dans laquelle on laisse vivre des jeunes exclus, il avait décidé de recueillir chez lui les plus démunis d’entre eux qu’il rencontrait près de Charleroi et ailleurs en Wallonie, et de leur fournir l’occasion d’apprendre un métier par le travail dans le secteur du bâtiment. C’est ainsi que naquit la première entreprise d’apprentissage professionnel (EAP). En Wallonie et à Bruxelles, celles-ci se développeront ensuite sous la dénomination d’entreprises – ou d’ateliers – de formation par le travail.
Depuis plus de vingt ans, le secteur de l'insertion socioprofessionnelle (ISP) assure la formation de stagiaires pour leur permettre d'acquérir des compétences techniques et non techniques. Grâce à une pédagogie adaptée, l'objectif est de leur permettre d'intégrer le marché de l'emploi tout en leur proposant un accompagnement psychosocial. Cette approche intégrée de la formation se trouve confrontée aux politiques européennes qui encouragent l'acquisition des compétences et la transparence des certifications. Ce qui apparaît comme une opportunité comporte aussi des risques. À commencer par celui d'enfermer le secteur dans le champ des métiers en gommant le volet social qui est sa spécificité.