Youri Vertongen, politologue à l’UCLouvain Saint-Louis, a retracé la manière dont des personnes sans papiers se constituent en sujets politiques et se mobilisent pour obtenir leur régularisation, des années 1970 à nos jours. À travers le cas de la Coordination des sans-papiers de Belgique (2014-2024), il analyse la nature des relations parfois conflictuelles entre les sans-papiers et les acteurs solidaires, mettant en avant ce qui se joue dans ces interactions. Sa recherche publiée en deux tomes aux éditions Academia offre une réflexion sur les questions de micropolitique au sein de ces mouvements sociaux.
Depuis sa mise en place en 2015 en Région bruxelloise, le parcours d’accueil des primo-arrivant·es est évalué annuellement par le CRAcs (Centre Régional d’Appui à la cohésion sociale). Son dernier rapport se penche sur l’utilité et l’impact du parcours dans l’installation des personnes primo-arrivantes, à partir d’entretiens réalisés avec 500 bénéficiaires. Des questions importantes à creuser – et à faire remonter aux autorités de la Cocof – d’autant plus que le parcours est devenu obligatoire à Bruxelles depuis le 1er juin 2022.
Réaliser des parcours décoloniaux de l’espace public, conscientiser la population à la problématique du racisme systémique mais aussi produire des récits alternatifs sur l’histoire de la colonisation et de l’immigration pour que les personnes racisées puissent construire une mémoire collective non pas fondée sur la honte mais sur la résistance, tels sont les objectifs de la Plateforme associative « Décolonisation des esprits et de l’espace public ». Celle-ci entend lutter contre toutes les formes de racisme qui structurent notre société et promouvoir le dialogue interculturel.
Alors que 18 % des natif·ves hautement éduqué·es sont surqualifié·es pour le poste qu’il·elles occupent, le taux grimpe à 38 % pour les immigré·es non-UE 1. Le manque de reconnaissance des diplômes étrangers rend difficile la recherche d’un emploi mais a bien d’autres conséquences humaines et sociétales. La crise actuelle peut-elle être une opportunité pour faciliter la procédure d’équivalence de diplôme des professionnel·les de la santé ? Un webinaire a été organisé par le réseau Risome 2, le MOC et la CSC pour faire le point sur les obstacles vécus mais aussi pour définir les priorités à venir.
En Belgique, la situation des milliers de personnes sans-papiers s’est encore dégradée depuis le début de la crise du coronavirus. Leur régularisation est réclamée par de nombreuses associations et organisations, invoquant notamment le caractère exceptionnel de la crise actuelle. Mais est-ce là le seul argument ? Concrètement, quelle est la réglementation en vigueur actuellement en Belgique ? Quels sont les motifs de régularisation ? La régularisation par le travail pour pallier le problème des métiers classés « en pénurie » est-elle une solution ? Ne faudrait-il pas plutôt une solution de fond ? Car on le sait, la question de la régularisation des sans-papiers est avant toute chose un choix politique. Éclairage.
Pour les personnes sans-papiers et exilées, la crise sanitaire engendrée par le Covid-19 a renforcé les inégalités sociales. Elles se sont retrouvées encore plus isolées et précarisées qu’à l’ordinaire : sans travail pour subvenir à leurs besoins et sans aucune protection face à la pandémie et ses conséquences. Cette situation les a poussées à sortir dans la rue pour réclamer leurs droits. Chloé Allen (anthropologue) et Rabia (militant sans-papiers) racontent comment le confinement a été vécu par ces hommes et femmes abandonné·es à leur sort et quelles questions cela pose pour le futur.
La récupération et la déformation d’un certain nombre de thèmes historiquement caractéristiques d’une perspective de gauche par la droite nationaliste marque un renouveau idéologique qui pourrait constituer une des sources de son succès actuel. Le concept d’ « armée industrielle de réserve », que Marx formule pour penser le chômage, et qui a été mobilisé récemment par Matteo Salvini, en est une illustration particulièrement éloquente. Ce n’est qu’en rétablissant pleinement la visée anti-capitaliste de ce concept qu’il sera possible de s’opposer à la version anti-immigration qu’en donne la droite nationaliste.
Créée en 2018, la Ligue des travailleuses domestiques regroupe des femmes sans-papiers vivant dans l’isolement, la peur et des conditions de vie précaires malgré leur rôle indispensable au fonctionnement de notre société. Aujourd’hui, elles sortent de l’anonymat pour révéler au grand public leur situation et pour revendiquer, entre autres, une régularisation par leur travail mais aussi la lutte contre l’exploitation et les violences dont elles font l’objet au quotidien.
Le Danemark a renforcé ses exigences envers les primo-arrivant·e·s pour les dissuader de s’y rendre et les inciter à en repartir. Durant leur phase d’intégration, il·elle·s expérimentent une citoyenneté et un statut social de second rang qui les stigmatisent et les précarisent. Le récent gouvernement social-démocrate danois poursuit cette orientation politique qui semble séduire hors frontière. C’est le cas de la Flandre et de ses leaders nationalistes. Le risque que ces idées puissent constituer la base d’un compromis gouvernemental d’une future coalition fédérale est tangible. Explications.
De Bruxelles à Moria, où il a passé trois semaines en 2017, l'avocat bruxellois Julien Wolsey mène le même combat : défendre les migrants dans un contexte toujours plus difficile. Pour Démocratie, il livre un témoignage fort et éclairant qui en dit long sur notre politique d'asile.