La lumière rouge s'allume : par ce seul signal visuel, le privé devient public, le langage se châtie (ou en tout cas se modifie). On arrête de regarder la personne à qui on adresse la parole, car tourner la tête, c'est se placer en dehors du champ du micro. Bref, on est sur antenne : tout le monde peut nous entendre, même si on ne sait jamais vraiment qui écoute.

 

Cette expérience étrange de parler à une foule à la fois potentielle, imaginée et invisible, a longtemps été réservée à une toute petite minorité de professionnels. La radio était un métier : pour être du côté de ceux qui disent plutôt que de ceux qui entendent, il fallait montrer patte blanche, français pincé et diction impeccable. Cette séparation étanche a volé en éclats avec l'éclosion des radios dites libres. D'abord intermittentes et véritablement pirates, bricolées dans des bouts de salles de bains, avec des animateurs se cachant derrière des pseudonymes pour éviter les ennuis avec justice et police, les radios libres se sont stabilisées et transformées, pour le meilleur parfois, le pire souvent, depuis les années 1980. En élargissant les discours, le cercle des orateurs, et les façons de parler en public, les radios libres se placent directement dans le sillage de Mai 68. Elles fournissent peut-être la meilleure illustration de la belle formule due à l'historien Michel de Certeau, selon laquelle, en Mai 68, on avait pris la parole, comme en 1789, on avait pris la Bastille 1.

Les appellations ont varié pour ces radios qui rejettent l'épithète « privée » qui leur a souvent été accolée : on a ainsi parlé de radios pirates, de radios libres, de radios communautaires, associatives, de radios de création, de radios d'expression... Une des caractéristiques de ces radios du troisième type (ni d'État, ni commerciales), c'est bien souvent d'avoir été créées dans le cadre d'actions militantes souvent urbanistiques ou environnementales, qu'elles ont d'abord servi à relayer. À l'origine, le projet radiophonique n'était que rarement considéré comme une fin en soi, mais plutôt comme le prolongement et le soutien nécessaire d'autres activités ou combats.

La radio comme relai

Ainsi, la première radio belge dite « libre » est couvinoise. Née en mars 1978, Radio Eau Noire est créée par les habitants de Couvin et des militants écologistes qui s'opposent à la construction d'un barrage sur l'Eau Noire. Elle émet dans la plus parfaite illégalité puisque, à cette époque, aucune autorisation d'émettre n'est délivrée par l'État à des radios privées. L'illégalité ne s'arrête d'ailleurs pas là puisque Radio Eau Noire est connue mondialement pour avoir été le premier media à donner la recette d'un cocktail Molotov en direct... Au-delà de l'anecdote, les premières radios libres sont donc d'abord des radios éphémères, destinées à demeurer telles, puisque liées à l'urgence d'une lutte qu'elles accompagnent. Elles sont en quelque sorte subordonnées à un objectif politique : c'est d'ailleurs aussi cette caractéristique qui permet de comprendre leur reflux actuel. Ce dernier accompagne en effet logiquement celui de la contestation radicale et de la conflictualité la plus visible née dans l'après Mai 68.

Désormais réduites à peau de chagrin, les radios libres en Communauté française ne sont guère plus d'une quinzaine. Citons entre autres Radio Air Libre, Radio Campus (la radio de la Communauté universitaire de l'ULB), Radio Si, Radio OSR, Radio UMH, Radio 1180, RUN, sans oublier Radio 28, portée par le MOC Verviers. Si leur nombre s'est drastiquement réduit, il en va vraisemblablement de même pour leur audience. Elles paraissent loin, en effet, ces heures de gloire du début des années 80 lorsque, sous le coup d'une menace d'expulsion, Radio Louvain-la-Neuve avait lancé un appel en urgence à ses auditeurs, et était parvenue à rassembler près de 1 500 étudiants devant ses locaux, en seulement quelques heures. Dans un environnement médiatique de plus en plus éclaté, caractérisé par la multiplication de l'offre, les radios libres semblent désormais avoir du mal à faire entendre leur différence, prises en étau par les programmations de radios commerciales ou publiques « orientées jeunes » et la concurrence d'internet et des nombreux podcasts qui offrent aux amateurs éclairés du contenu presque fait sur mesure.

Panik à bord

Pour donner un peu de chair à cette histoire, rien de tel qu'un petit détour par un cas pratique : entamons donc le récit subjectif de presque 25 ans de Radio Panik, radio libre où j'ai le plaisir d'officier comme animateur depuis maintenant six ans... 2 D'abord le nom : une légende tenace mais invérifiée voudrait qu'il vienne du mouvement (ou plutôt de l'anti-mouvement) « Panique » créé, entre autres, par Fernando Arrabal, Alejandro Jodorowsky et Roland Topor 3. Peu importe finalement qu'elle soit avérée ou pas, car cette filiation à une avant-garde maniant la cacophonie, l'absurde, le grandiloquent, la dérision et le mélange des contraires convient à merveille !

Quant à Radio Panik, si son histoire s'ancre dans un vaste mouvement de libération des ondes entamé à la fin des années 70, elle a aussi à voir avec une réalité plus tristement locale. Panik est en effet née à Schaerbeek en 1983, en plein « règne » de Roger Nols, dans un contexte de chasse à l'étranger d'une virulence qu'on a peine à imaginer aujourd'hui 4. Cette volonté de lutter contre une politique publique ouvertement xénophobe transparaît notamment à la lecture du Livre d'Or qui avait été placé lors de l'inauguration des locaux de la radio, le 21 novembre 1983 : « Au moins, ici on inscrit les étrangers », peut-on ainsi y lire. Une référence implicite à la pratique illégale mise en place par le bourgmestre de Schaerbeek, consistant à refuser l'inscription à la commune de nouveaux étrangers (ou même à orthographier de manière délibérément incorrecte les prénoms des nouveaux-nés « allochtones » au registre de l'État civil, et sur leurs papiers d'identité). Au contraire, à Panik, dès l'origine, on encouragera la présence d'émissions dites communautaires par lesquelles, les « immigrés parlent aux immigrés »... Et si possible aussi aux « sous-chiens » pour reprendre le néologisme ironique forgé par une des représentantes du mouvement des Indigènes de la République pour désigner les « Français de souche ».

La liberté contre elle-même

Né dans un contexte d'enthousiasme antiraciste, Panik apparaît à une époque marquée – déjà ! – par le déclin des radios libres. En effet, en 1983, les promesses de liberté que portaient en elles ces radios pionnières ont déjà été en bonne partie revendues aux marchands et aux publicitaires, le cas le plus « éclatant » étant celui de Radio Contact... Si les premiers aventuriers des radios libres ont bel et bien ouvert une brèche salutaire dans le monopole d'émission des radios d'État, force est de constater, avec près de trente ans de recul, que ce sont surtout les structures commerciales qui ont fini par en profiter. Bref, on ne serait pas loin du constat que posent Luc Boltanski et Eve Chiapello à propos du monde du travail dans le Nouvel esprit du capitalisme : l'esprit libertaire, la critique artiste, l'aspiration à l'épanouissement individuel et à la créativité ont pu être digérés par la sphère marchande, retournés et mis au service de la propagande commerciale la plus éhontée. Vu sous cet angle, le destin de la plupart des radios libres n'est qu'une preuve supplémentaire de l'adage qui veut que les braconniers fassent les meilleurs gardes-chasse. Peut-être est-ce précisément dû à sa naissance tardive mais Radio Panik n'a, elle, jamais trahi ses idéaux de départ et a, bon an mal an, réussi à maintenir son cap. En se transformant, certes, mais sans jamais céder aux sirènes de la facilité commerciale, et en restant fidèle aux prescrits de l'Association de libération des ondes dont elle était une des chevilles ouvrières dans les années 1980.

Mues successives

En 25 ans, la radio a en effet évolué et connu une série de mues et de déménagements (elle est désormais installée à Saint-Josse). L'insistance sur l'ancrage local a laissé la place à une programmation musicale pointue, qui a valu à la radio d'être reconnue, à la fin des années 90 et au début des années 2000, surtout pour les soirées qu'elle organisait. Depuis quatre ans, elle connaît sans doute une nouvelle phase, avec une programmation plus « politique ». Panik accueille en effet désormais des émissions telles qu'Objecteurs de croissance (écoutable sur http://radio.decroissance.info), qui renouvelle la critique de la société de consommation à la lumière des théories de la décroissance, ou encore Microcité, un magazine d'actualités alternatif, se donnant le temps d'explorer de manière approfondie des thématiques aussi diverses que l'ethnopsychiatrie, les dérives de la lutte contre le terrorisme, la situation des prisons en Belgique ou les inégalités scolaires. Renouant avec la logique qui avait présidé à la naissance des radios libres, Panik est aussi en prise avec quelques-uns des combats les plus pressants du moment, qu'elle accompagne, relaye et analyse. C'est ainsi que, quelques semaines avant les élections fédérales du 10 juin, s'est lancé le Journal sans papiers, émission hebdomadaire animée pour et avec les sans-papiers et leurs représentants. Un de ses objectifs principaux est de rappeler leurs promesses aux dirigeants des principaux partis démocratiques – ou au moins, à ceux d'entre eux qui en ont faites aux sans-papiers !

Cette prise avec la société civile et le monde militant, Panik l'assure aussi de manière organique, en prévoyant des « cases forum », à savoir du temps d'antenne concédé de manière régulière à des associations ou collectifs qui en ont marqué le souhait. À titre d'exemple, l'émission Elles en parlent encore, diffusée hebdomadairement est entièrement réalisée par l'équipe de Vie féminine.

L'histoire de Radio Panik n'est d'ailleurs pas étrangère à celle du MOC, dans la mesure où l'association a repris l'autorisation d'émettre qu'avait reçue Radio Josaphat, une radio fondée par la JOC Bruxelles. Durant ses premières années, Panik a même fonctionné avec le soutien d'un permanent détaché par la JOC, Marcel Xhaufflaire, personnage atypique partagé entre l'animation d'une radio libre et la rédaction d'ouvrages consacrés à la théologie de Johann Baptist Metz 5 !

Mobilis in mobile

Si Panik a bien évidemment évolué, le contexte qui est le sien n'est pas resté stable non plus. Un observateur cynique pourrait même relever sans trop se tromper que le seul élément de stabilité de ces 25 dernières années en matière de paysage radiophonique, c'est son caractère de jungle féroce ! C'est en effet toujours dans l'insécurité juridique – voire dans la franche illégalité que ses opérateurs évoluent, en l'absence de tout plan de fréquence répartissant officiellement les ondes entre radios et réseaux... (voir l'encadré La jungle des fréquences)

Au-delà de cette stabilité dans l'instabilité, l'évolution la plus marquante pour une radio libre comme Panik réside dans la naissance de radios communautaires autonomes, s'adressant directement et exclusivement aux communautés immigrées, notamment marocaines et turques. Depuis l'émergence de ces dernières, la présence de radios multiculturelles peut apparaître moins indispensable. C'est en tout cas une espèce de public captif qui disparaît pour elles... Face à cette perte, deux types de solutions ont été adoptées : tout d'abord continuer à travailler avec des communautés étrangères moins nombreuses, d'implantation plus récente, ou ne possédant tout simplement pas leur propre radio à Bruxelles. C'est ainsi que demeurent dans la grille, des émissions chinoises, angolaises, albanaises, grecques, congolaises – une autre légende tenace veut qu'à Kinshasa, Panik soit pratiquement aussi célèbre que la RTBF –, iraniennes... et même assyriennes. Devant cette hétérogénéité, l'enjeu principal est de parvenir à ce que Panik soit plus qu'un patchwork de communautés qui coexistent en s'ignorant, à ce que le tout soit plus que la somme des parties. Bref à jouer la carte de l'interculturel, plus que du multiculturel... C'est là le deuxième type de solution adopté face à l'émergence de radios communautaires plus homogènes. À la différence de celles-ci, Panik permet en effet, théoriquement du moins, la rencontre d'animateurs venus de différents horizons culturels, ethniques, etc. Pour assurer l'ouverture et l'accessibilité de ses émissions dites communautaires, la radio leur demande d'ailleurs de résumer ponctuellement en français, néerlandais ou anglais, les propos tenus sur antenne.

Mais c'est aussi la mondialisation qui est passée par là : si elle a comme effet de rendre moins urgent le besoin d'émissions dites communautaires (puisque, de plus en plus, les communautés immigrées présentes sur le territoire belge et qui n'auraient pas leurs propres medias sont directement reliées, via le satellite ou l'Internet, à ceux de leurs pays d'origine), elle offre également des possibilités nouvelles d'échanges de programmes entre radios libres de différents pays. Ainsi, grâce à des plates-formes telles que Radioswap, Panik peut diffuser des programmes venus des quatre coins de l'Europe – et proposer les siens – ou récupérer dans cette énorme banque de sons, de documentaires et d'interviews du matériau brut pour construire ses propres émissions.

La multiplication des casquettes

À travers toutes ces mutations, le noyau identitaire de Panik s'est cristallisé autour du rêve de l'éducation permanente, de cette volonté d'abolir les frontières étanches – que crée la diffusion de masse – entre une minorité de producteurs et une majorité d'auditeurs, récepteurs passifs. À Panik, l'idée est que chacun puisse jouer alternativement l'un ou l'autre rôle. Bref, de casser la hiérarchie, la logique centre/périphérie et même la division du travail : il s'agit de donner non seulement la parole, mais les outils qui en permettent la diffusion, à ceux qui en sont généralement privés. Qui plus est, cette « logique d'activation » s'étend à l'ensemble des tâches nécessaires au bon fonctionnement de la radio. En effet, chacun de ses membres est amené, au gré de ses désirs ou des nécessités du moment, à jouer différents rôles : technicien, animateur, chroniqueur, DJ... À ce titre, la radio libre continue à constituer un espace d'expérimentations, d'utopies concrètes cherchant à abolir les identités trop figées et les rôles stéréotypés. Tel est du moins l'horizon, même si le principe de réalité se charge souvent de ramener les ambitions à un niveau moins démesuré.

Cet esprit d'utopie concrète portant sur les médias et la manière de les produire entraîne logiquement, dans le chef de Radio Panik, une affinité avec d'autres mouvements militants dont le combat porte sur le contenu et la forme de la communication. Au premier rang de ceux-ci, le mouvement du logiciel libre et de la musique libre, qui cherchent à repenser la question des droits d'auteur à l'ère du numérique et à faire en sorte que les mutations technologiques se traduisent en avancées démocratiques plutôt qu'en extension du droit de propriété. Ainsi, Radio Panik fonctionne-t-elle intégralement sur logiciel libre et sa diffusion sur internet se fait-ellle au format « ogg » un standard libre tout aussi fonctionnel, et beaucoup moins opaque que le format propriétaire mp3. La radio s'efforce également – sans intégrisme – de diffuser autant de musique libre de droits d'auteur que possible 6.

Et puis, j'oubliais l'essentiel : si la qualité des programmes est inégale, s'il faut un peu explorer la grille pour trouver des émissions susceptibles de vous intéresser, si le son qui sort de l'antenne ne fait vraisemblablement pas honneur aux nouvelles enceintes Dolby Surround que vous vous êtes récemment achetées, si, décidément, ces émissions en langue albanaise sont impénétrables, dites vous au moins qu'en écoutant Panik, vous avez le privilège rarissime d'entrer dans un des derniers espaces hertziens – et espaces tout court, d'ailleurs – totalement dépourvus de publicité !

Edgar Szoc



1 Michel de Certeau, La Prise de parole, Desclée de Brouwer, 1968, p. 89, rééd. Points-Seuil, 1994.

2 Radio Panik est diffusée sur internet : www.radiopanik.org et dans certaines parties de Bruxelles, sur le 105.4 FM, les jours où le vent souffle dans la bonne direction, et que les gratte-ciels ne sont pas trop haut. Un des slogans autoparodiques des bénévoles de l'association est en effet « Vous voulez écouter Radio Panik ? Déménagez ! »

3 Voir Fernando Arrabal, Le Panique, Union générale d'éditions (10/18), Paris, 1973.

4 Pour quelques exemples « savoureux » de la tonalité nauséabonde que pouvaient prendre les discours sur l'immigration au sein du PRL, voir le travail d'archéologie sur le site de Résistances : www.resistances.be/prl.html

5 C'est d'ailleurs lui qui a réalisé un documentaire radio (de 30 heures !) retraçant l'histoire des vingt premières années de Radio Panik et du mouvement de libérations des ondes. Significativement intitulé « Comme un avion sans aile », il est écoutable sur www.crayonlibre.be/radio.

6 Pour découvrir l'univers de la musique libre, un des bons points de départ est le site www.jamendo.com qui propose une série de morceaux libres de droit à télécharger.

 

 

La jungle des fréquences

Véritable monstre du Loch Ness de la politique audiovisuelle en Communauté française, le Plan de fréquences, destiné à répartir l'utilisation des fréquences entre les radios est fréquemment annoncé, mis en œuvre, contesté puis retiré. Résultat : l'ensemble des opérateurs vivent dans l'insécurité juridique, voire la franche illégalité. En juillet 2007, la ministre de l'Audiovisuel, Fadila Laanan (PS), annonçait la finalisation de ce plan pour juin 2008. Pour y parvenir, il faut d'abord que le gouvernement adopte l'architecture du Plan de fréquences lui-même (quelles fréquences sont disponibles, à quels endroits, avec quelles puissances pour quels types d'opérateurs), puis que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) lance un appel d'offres au terme duquel il désignera les bénéficiaires desdites fréquences. À l'heure actuelle, le gouvernement de la Communauté française a déjà – enfin ! – adopté, le cahier des charges auquel devront se conformer les opérateurs qui répondront à l'appel.

À Radio Panik, on attend : on en a vu d'autres... 1 De même qu'on attend qu'une distinction soit faite au niveau légal entre radios associatives non commerciales et radios commerciales. Actuellement, il faut rappeler que les radios non commerciales ne bénéficient d'aucune reconnaissance particulière, ni d'un quelconque statut spécifique : elles sont par exemple traitées sur un pied d'égalité parfaite du point de vue du payement des droits d'auteur à la Sabam. Le décret audiovisuel de 2003 ne reconnaît en effet que deux types de radios en dehors des chaînes publiques : les réseaux (qui possèdent plusieurs fréquences) et les radios dites indépendantes (qui n'en possèdent qu'une). Celles-ci regroupant autant les radios associatives que commerciales. Cette absence de toute reconnaissance légale de leur spécificité a pu faire dire à des représentants de ces radios libres, qu'elles étaient en effet privées... de statut, de subsides et de fréquences convenables ! Elle tranche en outre avec les situations française ou québécoise, qui accordent un véritable statut aux radios indépendantes (dans le vrai sens du terme) et d'expression mais aussi... avec celle de la Communauté française avant 1997.

Un premier pas semble toutefois franchi puisque le cahier des charges de l'appel d'offres prévoit un statut particulier pour certains opérateurs désormais dénommés « radios associatives d'expression et à vocation culturelle ou d'éducation permanente ». Pour ces dernières, la réponse à l'appel d'offres devra être accompagnée d'une description des synergies envisagées avec les opérateurs culturels, ainsi que d'une « description du projet culturel et de l'intérêt de la demande pour la défense de la diversité culturelle et pour l'accessibilité pour tous à l'information culturelle ou éducative au sein de la zone de service concernée »2. Parmi les autres critères que l'appel d'offres aurait pu retenir, on pourrait mentionner également l'absence totale de publicité. Les radios libres sont en effet les seuls médias audiovisuels à pourvoir se targuer d'en être totalement exemptes. Une absence qui ajoute évidemment au plaisir d'écoute de l'auditeur, mais qui libère aussi les émissions de toute pression à l'audimat et de tout racolage, leur permettant de prendre le temps de la profondeur ou de l'expérimentation. La liberté n'est évidemment pas totale, mais au moins les contraintes ne sont pas dictées par la conjugaison tyrannique des annonceurs et des ménagères de moins de cinquante ans.

E.S.


1 Le conseil d'administration de Radio Panik s'attelle actuellement à la réalisation d'un documentaire radio entièrement consacré à la saga du Plan de fréquences – et surtout de son absence. Son titre se veut à la fois évocateur et ironique : T'as pas un plan ? 

2Rappelons que la promotion de la diversité culturelle fait partie des objectifs prioritaires que s'est fixés Fadila Laanan – dont on peut en outre espérer que son expérience professionnelle antérieure au sein du CSA lui sera utile dans la gestion de ce dossier et la défense des radios libres.

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