La télévision, en Belgique francophone, domine l'ensemble des moyens de diffusion de masse. 96,8 % des ménages possèdent un téléviseur, 40 % en possèdent deux ou plus et un adulte consacre en moyenne 3 h 50 par jour – soit la moitié de son temps de loisir – à regarder la télévision. Plus de 90 % de la population de plus de 15 ans regarde la télévision au moins 10 minutes par jour. Le tirage des quotidiens imprimés stagne voire régresse, et deux citoyens sur trois reconnaissent s'informer exclusivement grâce à la télévision.

En raison de son succès, les méthodes et les formes de la télévision influencent celles des autres médias. La presse quotidienne, par exemple, subit les effets de la « tabloïdisation » qui se caractérise par des titres accrocheurs, des photos de grand format et en grand nombre, une multiplication des interviews qui se substituent aux analyses émanant de la rédaction et un contenu rédactionnel ouvrant davantage d'espace aux « faits divers », à la vie privée des personnes publiques (rubriques « people ») et à des récits émotionnels : ce sont là des traits empruntés à la télévision.

L'influence dominante de la télévision se manifeste également dans les secteurs du sport ou du spectacle. Toute notre consommation culturelle subit les effets de la domination de la télévision. Cette influence se fait sentir jusque dans l'école. Tous les enseignants constatent que la télécommande a modifié le comportement en classe : l'élève, dont le regard a été façonné par la consommation de télévision, recherche des séquences de plus en plus courtes et rejette tout sentiment de lassitude.

La TV influence la vie politique

La télévision a un impact déterminant sur l'exercice du pouvoir. C'est la télévision qui sélectionne, en fin de compte, les acteurs du jeu politique : ne sont « popu-laires », donc considérés comme leaders ou voués à le devenir, que les mandataires qui apparaissent régulièrement à l'écran (voir le baromètre de La Libre). La télégénie, le charisme sont aujourd'hui des qualités essentielles pour les détenteurs du pouvoir. Les différentes sortes de dirigeants entretiennent avec la télévision des rapports irrationnels d'amour/haine : ils aspirent à y apparaître le plus souvent possible, mais redoutent d'y donner une mauvaise image d'eux-mêmes. De même, on remarque que les partis font appel à des stars du petit écran ou à des personnalités qui doivent leur notoriété à la télévision (des sportifs, par exemple) pour figurer sur leurs listes de candidats.

La télévision constitue également la première source de l'agenda-setting (mise à l'agenda) de la vie publique. Les sujets sur lesquels elle met l'accent deviennent des thèmes de débats parlementaires, de campagne électorale ou de communication politique. Dans l'espoir de conquérir davantage de visibilité télévisuelle, les mandataires adaptent la forme et le contenu de leurs décisions ou de leur discours à l'évolution d'une opinion publique puissamment influencée par le petit écran, moins dans ses convictions que dans ses préoccupations. C'est une sorte de cercle vicieux : le discours politique s'aligne sur les résultats des sondages d'opi-nion, et ces résultats eux-mêmes évoluent en fonction de la fréquence de certains thèmes dans les médias, principalement à la télévision.

Exemples : « Entre le 7 janvier et le 5 mai 2002, la télévision française, toutes chaînes confondues, a consacré 18 766 sujets aux crimes, petits et grands, aux jets de pierre et aux vols de voiture, aux braquages et aux interventions policières, soit une moyenne de 987 sujets par semaine et une croissance de 126 % de ces matières, et cela alors que les crimes et délits n'ont nullement progressé durant cette période » (1). Selon l'indice UBM (2), le thème largement dominant, dans les médias français, de mars 2001 à mars 2002, a été l'insécurité, loin devant le chômage ou les retraites. En mars 2002, l'insécurité atteignait un sommet : un indice UBM de 3 700, contre 530 pour le chômage. À la suite de ce véritable matraquage, Jacques Chirac a fait de l'insécurité son leitmotiv de campagne électorale et d'autres candidats lui ont emboîté le pas. Le 21 avril, le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen franchissait l'étape du premier tour en recueillant 17,5 % des suffrages exprimés. Plusieurs personnalités ont, à cette occasion, accusé les médias d'avoir « fait le lit de l'extrême droite ». On notera qu'entre les deux tours de l'élection présidentielle, l'indice UBM de l'insécurité a diminué de 67 % sur les chaînes françaises de télévision.

Une étude du politologue Stefaan Walgrave, de l'UIA, a mis en lumière la manière dont les médias flamands influencent la popularité, donc le score électoral, du Vlaams Blok–Vlaams Belang : ce parti dispose en général d'une couverture médiatique moins abondante que les autres partis flamands, en tout cas très inférieure proportionnellement à sa représentativité électorale ; les journalistes abordent ses représentants de manière généralement peu favorable, et leurs interviews sont plus agressives que celles des autres leaders. Mais le choix des sujets mis en évidence par les médias flamands correspond aux thèmes dominants des campagnes du VB: l'immigration, la violence, l'antipolitisme et le nationalisme flamand. Il y a donc une relation (de cause à effet ?) entre les deux.

Représentations collectives

L'« effet de loupe » de la couverture télévisuelle sur certains aspects, plus spectaculaires, de la réalité sociale n'influence pas seulement la décision politique. Il a également des effets notables sur la perception qu'a la société d'elle-même. La métaphore caricaturale du monde diffusée par la télévision prend, aux yeux d'un public individualisé, passif et sédentaire, la place du monde réel. Ainsi, par exemple, notre époque est perçue par beaucoup comme nettement plus violente qu'elle ne l'est en réalité. Aux États-Unis, la couverture médiatique des crimes de sang et de la violence domestique a augmenté de 700 % en dix ans, alors que la criminalité diminuait de 20 % dans le même temps.

Un autre effet, concomitant, de la télévision sur la vie publique est de donner une dimension émotionnelle aux enjeux de la société. Les problèmes, les conflits sont représentés, dans la télévision de relation, par les réactions émotionnelles des acteurs et non par un exposé analysant les enjeux et le contexte (souvenons-nous de la couverture du conflit à la Sabena ou chez AGC-Automotive).

Cette « émocratie » médiatique installe une confusion croissante entre espace public et espace privé : la vie privée et les avis personnels « sur tout et sur rien » des mandataires ou des dirigeants prennent au moins autant de place que l'exposé impartial de leur action publique, car celle-ci est moins aisément représentable dans les médias que ceux-là. D'autre part, de simples citoyens sont érigés en hérauts populaires en raison d'événe-ments purement privés, mais largement popularisés par la télévision. Pour reprendre le terme de Régis Debray, la vidéosphère consacre la prééminence croissante – dans le discours social – de l'affectif/individuel sur le rationnel/relationnel.Exemple : les parents des jeunes filles séquestrées en 1996 par Marc Dutroux et ses complices sont passés de la position de victimes d'un sinistre « fait divers » à celle de porte-parole – au demeurant éloquents et dignes – de la « société civile ». Si personne, pas même les représentants élus de la Nation, ne leur a contesté ce rôle et n'a dénoncé cette usurpation de représentativité démocratique, c'est parce que la publicité donnée à leur calvaire personnel par la télévision et la compassion suscitée par cette publicité (ainsi que leur télégénie naturelle) leur ont conféré auprès du public une légitimité supérieure à celle du suffrage universel.

En privilégiant la résonance émotionnelle de l'information au détriment de l'explica-tion des enjeux et de la description du fonctionnement des institutions, en installant la confusion entre espace public et espace privé et en « grossissant » certains aspects spectaculaires de la réalité, la télévision influence la perception de la démocratie par les citoyens, voire leur comportement politique. Laurence Hauttekeete, de l'université de Gand, a constaté que les grands consommateurs de télévision semblent plus indifférents voire hostiles envers les institutions politiques. Selon la sociologue gantoise, « plus les gens font confiance au journal télévisé pour leur information, plus leur aversion pour la politique, leur frustration et leur cynisme deviennent grands. Cela serait notamment dû au caractère négatif, anti-institutionnel et conflictuel des sujets télévisés » (3). Si l'on en croit une étude française (4), la vision du journal télévisé de 20 heures serait, pour une majorité de Français, vécue comme « une souffrance ». Dans le même sens, une étude du sociologue Marc Hooghe, de la VUB, fait émerger une corrélation entre le sentiment d'insécurité et trois attitudes : une consommation abondante de télévision, la préférence pour les chaînes commerciales et le fait de privilégier les programmes de divertissement, principalement les fictions. Ce type de consommation télévisuelle « s'apparente aux attitudes individualistes, à l'ethnocentrisme, au sentiment d'insécurité et d'impuissance politique ». L'intérêt exclusif pour les programmes de divertissement serait ainsi une sorte de fuite du réel, « le reflet d'une négation du monde extérieur, [...] perçu comme un environnement étrange et menaçant » (5), sentiment qui pousserait notamment un certain nombre de personnes à voter pour des partis extrémistes.

Le repli identitaire, la sédentarité, l'isolement, la négation du monde extérieur, la montée de l'anxiété, la perception émotionnelle des enjeux, la méfiance envers les institutions, la stigmatisation des différences, tous ces traits préoccupants de la société occidentale du début du XXIe siècle ne sont sans doute pas attribuables exclusivement à l'influence qu'exerce la télévision sur les représentations collectives. Mais elle y a, sans aucun doute, puissamment contribué. Non pas pour des motifs idéologiques, ou sous les ordres d'une conspiration occulte, mais par l'effet induit d'une politique de programmes et de contenus exclusivement fondée sur le rassemblement de l'auditoire maximum. Dans la poursuite de cet objectif économique (la plus grande part de marché possible), la télévision a mobilisé des stratégies redoutables : homogénéisation, émotion, identification, fusion. Ces stratégies ont modifié, chez de nombreuses personnes, la perception de la réalité. Le résultat n'était pas sciemment souhaité par les stratèges du marketing médiatique. Mais, d'une certaine façon, il les arrange. Pareil état d'esprit serait en effet favorable à l'éclatement du lien social. Or, cet éclatement est la condition même du triomphe total de l'idéologie du marché. Honoré de Balzac écrivait déjà : « Pour empêcher les peuples de raisonner, il faut leur imposer des sentiments. »

Contexte concurrentiel

Après avoir été largement dominée par le secteur public entre 1945 et 1975, l'activité télévisuelle s'est progressivement concentrée entre les mains de groupes multimédias privés, qui cherchent à intégrer tous les chaînons de l'industrie culturelle (publicité, droits de diffusion, catalogues de fiction, production, commercialisation, édition « papier », édition musicale, émetteurs et canaux de diffusion). Ces groupes (Murdoch, Bouygues, Lagardère-Hachette, Bertelsmann, Berlusconi, etc.) sont engagés dans une compétition mondiale, qui n'est réglementée par aucune instance démocratiquement élue car elle transcende les limites nationales voire européennes du pouvoir politique. De plus, ce dernier s'est désinvesti du secteur de l'audiovisuel (plusieurs chaînes publiques ont été privatisées) et a renoncé à la plupart de ses instruments de régulation : en témoigne la directive Télévision sans frontières (3.10.1989) de l'Union européenne. La dérégulation de l'activité et la concentration des opérateurs ont pour corollaires des fusions et des suppressions de titres ou de chaînes, donc une réduction de l'éventail de l'offre.

Parallèlement, l'offre se segmente. Au lieu d'être assurée par une diversification des programmes des chaînes généralistes gratuites, la réponse à la diversité des demandes du marché s'opère par la multiplication des médias payants visant des clientèles ciblées : des chaînes thématiques (d'infor-mation continue, de cinéma, de sport, de chasse et de pêche, de voyages, de culture, de mode, pornographiques, etc., parfois offertes en bouquets) s'adressent à des auditoires moins nombreux mais solvables, qui se voient offrir en outre de nouveaux modes de consommation individualisée (télévision à péage, télévision à la carte), tandis que les chaînes généralistes gratuites se limitent progressivement à un catalogue restreint de programmes stéréotypés (infotainment, télé-réalité, séries, films, jeux et variétés promotionnelles). Le risque de cette évolution, c'est que les ménages moins favorisés, incapables de payer ces nouveaux services, n'aient plus accès à une offre diversifiée, comprenant notamment de la culture et des savoirs substantiels, et soient contraints de se contenter de l'offre de plus en plus uniforme – et d'une qualité de plus en plus médiocre – des chaînes généralistes gratuites.

La « nécessité de vendre sur un marché de masse » entraîne une normalisation, sur le modèle de l'entreprise commerciale. Agrandir et conserver le public ne peut se faire qu'au prix d'une homogénéisation des productions diffusées, c'est-à-dire de la recherche constante du plus grand commun dénominateur. Cette tendance était déjà observée aux États-Unis en 1962 : « Le téléspectateur étant un client, le principe fondamental de tout programme (y compris les informations) est de n'offenser personne, de crainte qu'il ne "décroche" au bénéfice d'un autre réseau. Ce dernier point est important. Il conditionne l'uniformité de ton et la platitude générale des émissions » (6). Aujourd'hui, tout le monde peut constater la perte d'originalité et la standardisation des programmations (les mêmes grilles) et des formes (les mêmes émissions). Cette standardisation est perceptible aussi dans l'information : tous les JT d'un même jour, ou presque, titrent sur le même événement. Il y a 53 % de sujets communs aux JT de la RTBF et de RTL-TVI. Le journal télévisé, diffusé à l'heure où l'auditoire le plus nombreux est réuni devant l'écran, constitue ce que les spécialistes du marketing appellent un « produit d'appel » : il donne à la chaîne son image de marque et, pour « fédérer » l'auditoire, il fait jouer chez le spectateur des réflexes d'adhésion et d'identification projective.

Un autre facteur d'homogénéisation est l'adoption, sur toutes les chaînes généralistes, des mêmes méthodes d'appropriation de l'auditoire. Pour conserver, voire accroître, sa part de marché, une chaîne généraliste est contrainte, en situation de concurrence aiguë, de susciter et de maintenir l'adhésion et la fidélité du public par des méthodes de captation qui relèvent du marketing. C'est ce que font les chaînes commerciales. Mises en concurrence avec ces dernières, les chaînes publiques ont tendance à adopter les mêmes méthodes.

On est passé d'une télévision de message (les chaînes publiques des années 50-70, dont la mission était « d'apporter la connaissance au plus grand nombre ») à une télévision de relation, dont l'ambition essentielle est d'entretenir avec le spectateur un lien affectif qui garantisse son adhésion et sa fidélité. Cette adhésion et cette fidélité sont des facteurs décisifs à la fois pour la captation de l'auditoire, préalable à toute transmission de contenus, et pour la conquête ou le maintien de parts de marché. Cette télévision de relation est fusionnelle (7) : son objectif est de « réduire la distance, partager d'égal à égal, abolir les hiérarchies, créer une complicité typique d'une communauté réduite [...]. L'aboutissement de cette forme de télévision, son achèvement, qui en représente aussi la consécration, est la fusion : fusion entre les personnages de l'écran et ceux qui les observent, fusion entre l'émetteur et son auditeur » (8).

Dans ce fantasme marchand d'un public sédentaire, homogène, impuissant et « fusion-nel », l'infor-mation s'efface devant le divertissement. Il faut évidemment entendre ici le mot divertissement au sens large : plus que l'action d'amuser, il s'agit de l'action de « détourner de ce qui occupe ; [d'une] occupation qui détourne l'homme de penser aux problèmes essentiels qui devraient le préoccuper » (définition du Robert). Cette idéologie sous-jacente pousse l'information télévisuelle à insister davantage sur les questions « qui ? où ? quoi ? comment ? » plutôt que sur la question « pourquoi ? ». Les journaux télévisés américains sont un exemple frappant de ce modèle : ils consistent en une série de stories, que l'on peut suivre comme des épisodes de feuilletons et qui n'ont que rarement un rapport direct avec l'actualité importante (politique, économique, sociale, culturelle) du jour. Dans les années 60, Eliahu Katz (9) notait déjà, à propos des bulletins d'informations télévisés américains : « Je soupçonne que pour beaucoup de téléspectateurs, les informations représentent réellement l'évasion, la fuite des réalités concrètes et des problèmes de l'expérience sociale vécue. » Aujourd'hui, on peut dire que, en produisant des programmes d'information ou d'infotainment, les industries culturelles de masse n'ont pour objectif que de diffuser du divertissement, pour la fabrication duquel elles utilisent l'information comme matière première et dont la commercialisation spécule sur un résidu du « besoin de savoir ».

Conclusion

Aujourd'hui, cette pensée consensuelle favorise le populisme politique en « brossant le public dans le sens du poil ». Un public de plus en plus confiné dans son univers intime. Privé d'information utile par la politique des chaînes de télévision et abreuvé de divertissement, y compris dans l'information. L'information de masse à l'usage du citoyen, c'est fini. La véritable information, ce sera pour l'élite. L'information de masse a pour but de divertir, de faire oublier la dureté de la vie et de faire consommer (cf. la célèbre phrase de P. Le Lay). Le « fait divers » l'emporte dans l'information parce que : 1) c'est consensuel, ça rassemble, parce que ça facilite l'identification (« ça arrive à des gens comme nous ») ; 2) ça ne demande aucune connaissance préalable, c'est immédiatement consommable ; 3) ça suscite des émotions ; 4) c'est bon marché et ça peut être fait en peu de temps ; 5) ça ne demande pas de main-d'œuvre qualifiée, ni de longue préparation, ni de bibliothèque de documentation. L'évolution de l'information est donc aussi liée à la restructuration générale de l'économie et à une politique de rendement maximal du capital investi, favorisée par l'industrialisation et la commercialisation croissante du secteur des médias.

Jean-Jacques Jespers

(1) Chronique radiophonique Pensée multiple de Hugues Le Paige, La Première, 30 mai 2002.

(2) Unité de bruit médiatique, indice composite qui intègre la surface consacrée par un média à un sujet et le nombre de personnes de plus de 15 ans susceptibles d'avoir été exposées à cette information. La mesure de l'UBM est effectuée quotidiennement par TNS Secodip sur plus de 80 médias imprimés, radiophoniques et télévisuels français.

(3) Laurence Hauttekeete, citée dans Mouton O. : « La lutte des journaux de qualité », La Libre Belgique, 29 avril 2002, p. 21.

(4) Étude « Insécurité, l'image et le réel » de l'Observatoire du débat public (ODP). (5) Le Soir, 3 mai 2002, p. 18.

(6) Brincourt, André : La télévision à l'américaine, notes, 1962, cité par Charlot, Christophe : Le débat télévisé, mémoire de la section d'Information et Communication de l'ULB, Bruxelles, 2002..

(7) Le Paige, Hugues : « Les médias et le "dysfonctionnement" », loc. cit.

(8) Mehl, Dominique : La fenêtre et le miroir, Paris, Payot, 1992, p. 16.

(9) Cité par Stéphane-Clausse : « Où en est la recherche américaine dans les communications de masse ? », Études de Radio-télévision, Bruxelles, RTB, n° 2, 1963.

 

Le paysage télévisuel en Belgique francophone

Le marché belge francophone se caractérise par une grande fragmentation, plus aiguë que celle que l'on observe en Flandre, pour des raisons culturelles.

Les parts de marché sont à peu près les suivantes : 1/3 aux chaînes françaises (TF1 surtout, puis F2, F3), un quart à RTL-TVI et 1/5 à La Une RTBF. Le reste se partage entre les autres chaînes (La Deux, Club, Plug, AB3-4, etc.). Les glissements principaux de public ces dernières années ont bénéficié à RTL-TVI et à TF1 au préjudice de la RTBF.

Les émissions d'information sont, traditionnellement, les grands moments de rassemblement de l'auditoire en Belgique francophone. Mais leur audience est en recul. Chacun des deux grands JT de l'avant-soirée (RTBF et RTL-TVI) rassemble moins de 20 % de l'audience, soit moins de 500 000 individus. Certains films et certaines soirées de divertissement ont fait de meilleurs scores. De plus en plus, les télévisions pratiquent le mélange des genres (divertissement et information, documentaire et fiction) pour regrouper des auditoires plus nombreux.

Les télévisions locales (12 en Belgique francophone) ont une audience non négligeable (surtout No Télé, Télé-Bruxelles, RTC Liège) qui peut aller jusqu'à 140 000 téléspectateurs par jour (Télé-Bruxelles, + de 12 ans).

La télévision à péage (BeTV) et les thématiques se développent. La télévision non broadcast (DVD, Home Cinéma) également. On utilise de plus en plus l'écran du téléviseur pour autre chose que les programmes de flux (jeux vidéo, notamment). L'ordinateur prend également de l'audience, surtout chez les 15-25 ans (chat, MSN, etc.).

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