Ah, la Belgique ! Cette « mini-Europe » où l’on parle trois langues, où s’entremêlent les cultures, où les hommes et femmes politiques sont des orfèvres mondialement réputés dans l’art du compromis… Ah, la Belgique ! Cette Europe en miniature où coexistent pacifiquement les peuples, où les minorités sont respectées, où l’intégration est encouragée… Ah, la Belgique ! Cette Europe en modèle réduit où la solidarité et le vivre ensemble ne sont pas un vain mot… Ah, la Belgique, la reconnaissance de ses cultures, l’homogénéisation de ses communautés… Ah, la Belgique, la fixation définitive de sa frontière linguistique et le transfert de paquets homogènes de compétences... Ah, la Belgique et la communautarisation de la sécurité sociale, et la régionalisation de l’impôt… Ah, la Belgique, son Gordel et sa Bretelle, l’appauvrissement de sa capitale et l’émergence de sous-nationalités… Ah, la Belgique et ses projets de concurrence fiscale et d’allocations familiales différenciées selon que vos enfants vous appellent « mama » ou « maman »... Ah, la Belgique et ses différences culturelles devenues, affirme-t-on désormais, « irréductibles ». Ah, la Belgique, cette mini-Europe où, finalement, chacun ferait mieux de rester chez soi car, au fond, on est si différents, on ne se ressemble vraiment pas, et puis ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons tellement mieux... Pendant ce temps-là, l’Europe — la vraie, la grande — ne bronche bien sûr pas. Elle n’a rien à dire. Que voulez-vous qu’elle fasse ? Ne dit-on pas que la Belgique est une Europe en miniature ? Alors, au moins, maintenant, on sait ce qui attend... l’Europe.
