Ça faisait un moment que je n’avais plus allumé la télévision. Pas envie de regarder un film doublé, criard et violent, ou une série qui en est déjà à son vingt-huitième épisode de la septième saison, un talk-show dont le seul suspens est de savoir qui dira le plus de méchancetés, un match de foot aux enjeux financiers décidément indécents, une télé crochet qui ne parvient pas à m’accrocher, une télé-réalité où tout est faux sauf le maquillage. Bref, écran plat ou pas (en l’occurrence), ça faisait donc un long moment que je n’avais plus allumé la télé. Et puis l’autre soir, rentré tôt, de bonne humeur, le téléphone éteint, le repas presque prêt, je me suis offert de regarder le JT. Grand luxe ou retour à la civilisation ? J’hésite encore sur la nature profonde de ma démarche. Reste que j’ai franchi le pas, prudent certes, et dans un registre connu. Le JT est l’émission la plus regardée et la plus critiquée aussi, corollaire de son succès. Je pouvais m’y engager sans trop prendre de risque et avec tout le loisir d’exprimer ensuite mon (f) lot de critiques, colères, indignations, soupçons de partialité, de manque de déontologie, d’excès de populisme, d’amateurisme et d’autres mots en «isme», comme disait la chanson de l’Eurovision. Bref, j’étais prêt... et puis rien. Rien à redire d’un JT plutôt bien présenté, correctement équilibré, assez critique, pas trop racoleur, ni poujadisme, ni populiste, ni communiste, ni socialiste, ni capitaliste, ni écologiste, ni aucun adjectif en «iste». Bref, j’étais prêt à garder la télé allumée toute la soirée... jusqu’à ce que le JT se referme sur un premier tunnel de publicités. J’ai craqué au troisième spot vantant les vertus d’une voiture. J’ai éteint la télé. Et pour un bon moment. C’est con.

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