Au départ, l’initiative m’est apparue louable. Elle partait d’un bon sentiment : venir en aide à ces hommes et ces femmes qu’on laisse crever habituellement dehors sans trop de problèmes sauf quand il fait froid parce que nous non plus on n’aime pas avoir froid. Brrr... On n’aime pas non plus avoir faim, mais on ne meurt plus de faim en Belgique, nos poubelles sont pleines... Au final, l’opération « Hiver 2012 » orchestrée par la RTBF m’a questionné et petit à petit le doute s’est immiscé en moi. Pourtant, que trouver à redire sur cet élan de générosité exprimée par la population envers les moins bien lotis ? Rassurant même de voir qu’à l’heure de la mondialisation triomphante et du règne sans partage de l’homo economicus calculateur, froid, égoïste fantasmé par cette oligarchie qui nous gouverne, il y a encore un p’tit cœur qui bat ici bas. Bon, passons les reportages à la limite du voyeurisme… la « RTLisation » de nos médias de service public n’est pas neuve. Et si cette mobilisation avait eu le seul mérite de mettre en lumière la misère dans laquelle vivent certains et leur nombre sans cesse croissant. J’applaudis. Pourtant, quelque chose m’a dérangé. Mais quoi ? J’ai beaucoup cherché, puis j’ai trouvé : le problème c’est moi. Cette campagne a mis en lumière les limites de ma générosité. Car, je vous l’avoue : je ne suis pas un type fiable, ma générosité est très variable. Parfois je donne un peu, beaucoup, pas du tout… C’est comme ça. Ça dépend de plein de choses en fait, des p’tites contrariétés du quotidien : la couleur du ciel, la mauvaise haleine de mon voisin, ma nuit, ma digestion… Mais bon, j’ai trouvé un moyen de vivre avec tout ça, je paie des impôts et délègue à l’État le droit de gérer ma solidarité défaillante. Encore un assisté, me direz-vous !

Le Gavroche

Les inégalités jusqu'au bout des dents

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