LA TRIBUNE, par Vie Féminine
À Vie Féminine, nous rappelons que les violences économiques sont aussi et avant tout le fait d’institutions et d’un système structurellement défavorable aux femmes. Dès lors qu’on les définit par leur visée à limiter l’autonomie économique de la victime et à la rendre dépendante, on peut envisager plusieurs réformes majeures de l’Arizona comme des atteintes aux droits des femmes.
Élodie BLOGIE, Conseillère politique Vie Féminine
Les violences faites aux femmes prennent différentes formes: sexuelles, physiques, psychiques, verbales ou encore économiques. Moins visibilisées que les autres types de violences, ces dernières toucheraient pourtant une femme sur sept en Belgique1. Contrôle des dépenses, accès restreint aux ressources du ménage, non-respect des contributions alimentaires... Quand elles sont évoquées, elles restent souvent cantonnées au cadre du couple. À Vie Féminine, nous rappelons que les violences économiques sont aussi et avant tout le fait d’institutions et d’un système structurellement défavorable aux femmes. Dès lors qu’on les définit par leur visée à limiter l’autonomie économique de la victime et à la rendre dépendante, on peut envisager plusieurs réformes majeures de l’Arizona comme des atteintes aux droits des femmes.
Des logiques similaires sont à l’œuvre en ce qui concerne les réformes concernant les malades de longue durée (60% de femmes) ou les pensions3. Ces politiques, comme l’ultra « flexibilisation » du marché du travail, reposent sur une violence première: l’invisibilisation de l’immense travail gratuit effectué par les femmes, et encore davantage par les femmes racisées et migrantes. Ce travail de tâches domestiques, de soins aux enfants et aux personnes vulnérables, qui permet à la société de tourner et aux hommes de faire carrière. Nos ministres –ces hommes blancs qui peuvent se permettre des nuits de négociations – en sont les premiers bénéficiaires! Et ce sont eux qui s’apprêtent aujourd’hui à mettre en œuvre des politiques qui portent violemment atteinte à l’autonomie économique des femmes...
Ces politiques, comme l’ultra « flexibilisation » du marché du travail, reposent sur une violence première: l’invisibilisation de l’immense travail gratuit effectué par les femmes, et encore davantage par les femmes racisées et migrantes.
Dès janvier 2026, près de 140 000 personnes seront exclues du chômage. D’abord, une majorité d’hommes. Mais si l’on se penche sur les personnes au statut cohabitant·e – 45 000 exclues dès janvier2 – les femmes sont majoritaires. Parmi celles qui oseront pousser la porte d’un CPAS, nombre d’entre elles en sortiront bredouille si le revenu du ménage est jugé suffisant. Des milliers de femmes se retrouveront sans aucun revenu propre, totalement dépendantes de leur compagnon. Que dire alors de celles âgées de plus de 55 ans et qui ne pourront pas bénéficier de l’exemption puisqu’elles ne rentrent pas dans les conditions des 31 à 35 années de carrière – soit l’immense majorité des travailleuses de cette tranche d’âge ?
Des logiques similaires sont à l’œuvre en ce qui concerne les réformes concernant les malades de longue durée (60% de femmes) ou les pensions3. Ces politiques, comme l’ultra « flexibilisation » du marché du travail, reposent sur une violence première: l’invisibilisation de l’immense travail gratuit effectué par les femmes, et encore davantage par les femmes racisées et migrantes. Ce travail de tâches domestiques, de soins aux enfants et aux personnes vulnérables, qui permet à la société de tourner et aux hommes de faire carrière. Nos ministres –ces hommes blancs qui peuvent se permettre des nuits de négociations – en sont les premiers bénéficiaires! Et ce sont eux qui s’apprêtent aujourd’hui à mettre en œuvre des politiques qui portent violemment atteinte à l’autonomie économique des femmes...
1 Selon une enquête publiée par l’Agence des droits fonda- mentaux de l’Union européenne en 2014, une femme belge sur sept (14 %) a subi ou est à risque de subir des violences économiques (la moyenne européenne étant de 12 %). Source : Violence against women : an EU-wide survey. Main results report (fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/fra-2014- vaw-survey-main-re- sultsapr14_en.pdf)
2 « Suppression des allocations de chômage + statut de cohabitant.e = 90 000 doubles peines ! », Stop au statut de cohabitant·e, www. stop-statut-cohabitant.be/communication-communicatie/
3 Pour aller plus loin, lire : « Gouvernement Arizona : “Contre des politiques ultralibérales, défendons la société du soin” », interview de Soizic Dubot et d’Élodie Blogie à lire sur www.axellemag.be ; « Comment le gouvernement Arizona accroit la précarisation des femmes », analyse du thinkthank InES, juin 2025, inesthinktank.be.
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