Ah, je me le dis souvent, de plus en plus même: il y a des jours comme ça où il faudrait mieux rester couché. Bouger à peine, juste assez pour provoquer ce léger déplacement d’air et ressentir, du coup, cette chaleur pénétrante que son corps a produit tout au long de la nuit: 37,2° le matin. Aaaah… Attendre que le temps passe, se passe… Se perdre dans des pensées inutiles. Oublier pour un jour de devenir adulte. Ne pas voir le monde tel qu’il est. Renoncer à toute lucidité, cette blessure la plus rapprochée du soleil, comme l’a écrit le poète René Char... Et surtout, ne pas ouvrir le journal. Non, ne pas ouvrir le journal, surtout ! Car parmi le déluge d’informations quotidiennes que notre pôvre cerveau est sommé d’ingurgiter, y en a toujours au moins une dans les gazettes, faites-en l’expérience, qui vous fera oublier toutes les autres. Une information, pas souvent à la une d’ailleurs, plutôt du genre «brève» ou «filet», placée là comme pour boucher un trou, une info qui devait vous échapper, mais qui, on ne sait par quel phénomène quasi surnaturel, finit par vous rattraper. Trop tard vous l’avez lue. Un p’tit article quoi, même pas signé, écrit par on ne sait qui, sans doute un journaliste, pas sûr, mais qui est là devant vos yeux juste pour vous ennuyer, vous énerver, vous agacer, vous excéder… Bref, on y revient: vous gâcher la journée! Une vingtaine de lignes tout au plus à vous donner l’envie de tout laisser tomber, de se dire qu’il n’y a rien à faire, qu’ils sont trop forts, comme dirait ma fille. Un article qui m’a tellement tapé sur les nerfs, que je n’ai même plus la place ici pour vous le résumer. Désolé. Bon, je vous file quand même le titre: «Année record pour les bonus à Wall Street». (Le Monde, 13/10/10). Sur ce, moi je retourne me coucher…

Le Gavroche

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Mai 2019

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