L’édition 2021 du Petit Larousse de la Novlangue va bientôt sortir en librairie. Parmi les nouveaux mots, celui de « village prison » ou « village pénitentiaire » fait son apparition grâce à la régie des bâtiments, avec la complicité de Assar Architects, de la société de construction Denys et de certains media. Bien plus bucolique que celui de « méga-prison » pour désigner la nouvelle implantation harenoise où seront déménagé·es les détenu·es de Saint-Gilles et Forest.

En parlant de « village prison », ces sinistres utilisateurs occultent la réalité qui se cache derrière et par là même les individus qui peuplent les prisons. Est-ce que l’utilisation du mot «village » accolé à prison signifierait que notre vision de l’enfermement a changé ? Que l’institution s’est humanisée ? Que les relations en son sein s’apparentent à celles qui se lient dans un village ? Et puis quoi encore, tant qu’on y est, on nommera dans ces « villages prisons » des « happiness managers » à l’instar des start up modernes, pour rendre les « prisonnier·ères villageois·es » plus heureux·ses et productif·ves. On a peine à y croire quand on sait que le « village » a été implanté dans une zone difficile d’accès et qui rendra les visites des proches très compliquées.

Finalement, quand on parle de « village » pour une vraie prison, on pousse la Novlangue à son paroxysme, en anéantissant notre capacité de penser qu’une prison aussi villageoise soit-elle reste une prison et on parachève la destruction du·de la détenu·e, puisqu’on finit par annihiler à nos yeux son véritable statut, celui d’une personne privée de sa liberté. 

Le Gavroche

Les inégalités jusqu'au bout des dents

Franck Vandenbroucke veut interdire aux dentistes de facturer «des honoraires supérieurs… Lire la suite
Mai 2019

Tous les numéros

DEMO NOV 23