Je vais vous raconter l’histoire de Georges. Georges a 41 ans. Il travaille depuis 20 ans chez Caterpillar. À Gosselies. Cette boîte, il a tout donné pour elle. Comme des milliers de travailleurs, il s’y est démené chaque jour. Il y a trois ans, Georges a une fois de plus accepté de s’adapter aux exigences des big boss : flexibilité accrue, nouvelle organisation du travail... C’était pour sauver son job. Pour payer sa petite maison, située non loin de l’aéroport de Charleroi. Pour nourrir sa famille. Pour partir en vacances avec Maria et Nina, sa femme et sa fille de 8 ans. Cet hiver, avec leurs économies, ils envisageaient pour la première fois un petit voyage sous le soleil de Tenerife. La suite, on la connaît. Brutale. 2000 licenciements et près du double d’emplois menacés chez les sous-traitants. Derrière ces chiffres, il y a Georges et de nombreuses autres vies brisées. Des destins en suspens. Simples dégâts collatéraux d’un capitalisme triomphant. Et puis ce monde politique, unanime, qui pleure avec Georges, avec sa famille, avec toutes ces familles. Peut-être pleurent-ils aussi leur incapacité à anticiper la désindustrialisation du pays ? Qui sait? Heureusement, les solutions pleuvent. Foi de carolo, Olivier Chastel va réquisitionner l’usine ! Pareil pour Benoît Lutgen : le site servira à augmenter la taille de l’aéroport de Charleroi. En attendant, Georges n’ira pas à Tenerife cet hiver. Il regardera passer les avions au-dessus de sa maison. Dont il ne sait toujours pas comment il remboursera le prêt hypothécaire...

Le Gavroche

Les inégalités jusqu'au bout des dents

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