Depuis des années, c’est la même rengaine : il y a « la » gauche et il y a « la » droite. En France, le régime présidentiel et le scrutin majoritaire rendent ce clivage encore plus prégnant que chez nous. Alors, quand la gauche parvient à reconquérir le strapontin de l’Élysée après plus de deux décennies de disette, on s’est presque mis à croire que le changement, ce serait effectivement maintenant. Sauf que la présidence de François Hollande brouille les pistes sur tout. Il y a bien quelques timides mesures fiscales « de gauche ». Mais pour le reste, circulez; il n’y a absolument rien à voir. Pour certains philosophes et analystes politiques, c’est simple : la gauche est désenchantée. Peut-être. Mais elle crée surtout les conditions de son désenchantement. Dernier exemple en date : l’expulsion de Léonarda, cette jeune fille rom, alors qu’elle était en voyage scolaire. Ce triste épisode résume la politique du parti socialiste français : effrayé par une nette victoire du Front National lors des prochaines élections municipales, le gouvernement se montre intransigeant sur un terrain cher aux lepénistes : l’immigration. Plutôt que de combattre les idées du FN, la politique menée par François Hollande laisse donc penser que l’extrême-droite pose les bonnes questions et surtout apporte les bonnes réponses. Marine Le Pen n’en attendait certainement pas tant d’un gouvernement dit « de gauche »...