La sixième réforme de l’État a désormais été implantée dans les entités fédérées. Six ans après, nous pouvons dresser un premier bilan, notamment en ce qui concerne les secteurs de la sécurité sociale et en particulier ceux des allocations familiales et de la santé. Si dans le premier cas examiné dans un article précédent (Démocratie, mai 2020), nous avons confirmé que la scission était une absurdité, dans celui-ci portant sur la santé et l’aide aux personnes, nos conclusions sont plus nuancées. Explications.
Plus que jamais, il faut repenser et démocratiser notre fédéralisme de manière citoyenne et durable
Sur le plan institutionnel, le Covid-19 a provoqué en Belgique un double électrochoc. D’abord, après seize mois d’affaires courantes, un gouvernement de plein exercice est constitué, dirigé pour la première fois non pas par un Achille, mais par une Amazone, avec l’appui de dix partis. Ensuite, les armées fédérale et fédérées marchent en cadence grâce à une concertation étroite 1. Les Belges, habitué·es à la polyphonie voire à la cacophonie, n’en croient pas leurs oreilles : les autorités parlent à l’unisson. Ne nous laissons cependant pas envoûter. On l’a dit et redit : le Covid-19 tape où cela fait (déjà) mal. Ce constat vaut pour nos institutions aussi.
Selon les derniers sondages, le Vlaams Belang devient en Flandre le premier parti avec 28 % d’intentions de vote suivi de la N-VA avec 21 %. La montée des partis nationalistes flamands contraste avec la situation en Wallonie où l’extrême droite n’a jamais réussi à s’infiltrer dans le paysage politique. Mais comment comprendre ce qui se passe au nord du pays ? Et surtout comment soutenir la Flandre qui résiste aux projets de la droite nationaliste et qui, quoi qu’on en pense au sud du pays, n’est pas inexistante ?
Les vives tensions autour du dossier catalan ont fait réapparaître au premier plan la question de l’indépendance de la Flandre. De quoi s’interroger sur la stratégie actuelle des nationalistes flamands à l’heure où la N-VA n’a jamais eu autant de pouvoir dans l’État belge... mais où le nombre de Flamands qui souhaitent l’indépendance de leur région semble historiquement bas. Éléments de réponse avec Dave Sinardet, professeur de sciences politiques à la VUB et spécialiste du nationalisme.

En « débranchant la prise » des gouvernements fédérés dans lesquels il était en majorité avec le PS, le président du CDH, Benoît Lutgen, a plongé le paysage politique francophone dans une situation inédite. Le peu de préparation de cette décision surprend la plupart des observateurs. Analyse avec Paul Wynants, professeur d’histoire politique 1.

Dans le secteur de la Justice, le ministre compétent Koen Geens (CD&V) multiplie les réformes. Étrangement surnommées « Pot pourri », elles annoncent d’emblée la couleur. D’ailleurs, Manuela Cadelli, juge au tribunal de première instance de Namur et présidente de l’Association syndicale des magistrats, n’y va pas par quatre chemins : « En Belgique, la séparation des pouvoirs est mise à mal ». Explications.

En mai 2014, Démocratie interviewait Dave Sinardet pour faire le bilan du gouvernement flamand à l’issue de la législature. Un an plus tard, nous l’avons soumis au même exercice pour mieux comprendre les actualités politiques de première importance au nord du pays et les rapports de force qui existent entre les partenaires de la majorité gouvernementale1. Entretien.