À l’heure où l’on s’interroge sur la responsabilité sociale des entreprises et la « moralité » du capitalisme, Christian Arnsperger, professeur à l’UCL et Docteur en sciences économiques affirme dans un récent ouvrage que la culture capitaliste est intrinsèquement inapte à réaliser l’idéal éthique d’égalité. Dans sa « Critique de l’existence capitaliste – Pour une éthique existentielle de l’économie » (*), ses réflexions l’amènent à s’interroger non pas tant sur le système économique lui-même que sur le comportement de l’individu dans ce système. Cet ouvrage stimulant pose de nombreuses questions sur notre rapport à l’économie et sur la forme que pourrait prendre une société plus juste. Présentation du livre et interview de l’auteur.
Retracer et analyser les cinquante dernières années de l’économie belge, telle est la tâche énorme à laquelle s’est attelé Reginald Savage. Un imposant ouvrage en est le fruit : « Économie belge 1953-2000 – Ruptures et mutations », paru récemment aux Presses universitaires de Louvain. Un livre qui permet de mieux comprendre, du point de vue d’une petite économie ouverte comme la Belgique, les « golden sixties », la « crise économique » après le premier choc pétrolier, la montée du néolibéralisme, les années de restrictions budgétaires, la mondialisation… Impossible, bien sûr, de résumer une telle somme d’analyses et d’informations en quelques lignes. Dans les pages qui suivent, Patrick Feltesse nous livre néanmoins une synthèse des principales leçons de l’ouvrage.
Dans de nombreuses entreprises « modernes », les nouvelles techniques de management rencontrent, à première vue, le besoin de reconnaissance des travailleurs, en particulier ceux dont le travail est peu considéré. Soudain, en effet, l’employeur porte un intérêt au travailleur, assorti d’offres de formation, d’élargissement des tâches, etc. Tout à coup, la hiérarchie reconnaît à l’opérateur un formidable potentiel. Ce n’est que plus tard que celui-ci se rend compte que l’évaluation de la performance individuelle fait de lui un travailleur isolé de son groupe d’appartenance dans la négociation avec l’employeur.
Après avoir, dans le précédent numéro de Démocratie, proposé un nouveau « découpage » de l’histoire économique belge de l’après-guerre, Philippe De Villé nous propose ici une analyse de la période qui a suivi la dévaluation du franc belge, en 1982. Jusque-là, le compromis social fondateur, né dans l’immédiat après-guerre, avait permis de construire un mode de développement qui combinait paix sociale, croissance économique, redistribution de ses fruits et protection sociale extensive. Mais cet âge d’or cachait mal des « lézardes » qui allaient éclater au grand jour à partir des années 80. La parole à M. De Villé.
« Années d’argent » (1945-1960), « Âge d’or » (1960-1974) et « Années de plomb » (1974 à nos jours), c’est souvent ainsi que nous est contée l’histoire économique de la Belgique. Ce découpage, qui reflète bien les ruptures des rythmes de croissance, permet-il pour autant de lire les différentes évolutions internes à chacune des périodes ? Philippe De Villé, professeur à l’IRES (UCL), nous propose ici une autre approche qui permettra de mieux comprendre l’émergence du concept d’État social actif.
Souvent opposé à l’État providence, l’État social actif en serait une version plus moderne, plus jeune, plus efficace. Difficile à définir, il regroupe des discours assez différents. Il comporte très souvent deux éléments. Premièrement, il vaut mieux prévenir que guérir. Ceci se traduit par une volonté d’égalité des chances plutôt que des résultats. Ensuite, l’État social actif insiste sur les devoirs des citoyens autant que sur leurs droits.
La vulgate néolibérale nous avait habitués, depuis des années, aux dénonciations multiples et variées du rôle de l'État dans l'économie, sur le thème : "Laissons faire le privé…" Soudain, après le 11 septembre dernier, États-Unis et Europe semblent redécouvrir les vertus de la puissance publique. Mais ne nous y trompons pas. Il ne s'agit pas, comme l'explique Réginald Savage dans l'article très éclairant qui suit, d'une redécouverte de l'État keynésien traditionnel, en quelque sorte " bon père de famille ", mais plutôt d'un État libéral interventionniste, voire hégémonique, visant une nouvelle extension du capitalisme à l’échelle mondiale.
Personne n'ignore aujourd'hui que d'énormes quantités de données concernant les consommateurs sont collectées, traitées, stockées et utilisées par un nombre croissant de professionnels : le secteur de la grande distribution, les opérateurs de télécommunications, les banques, les compagnies d'assurance. Cette situation n'est pas sans risque : quand on les considère de manière isolée, les données personnelles sont, pour la plupart, banales. Qu'en est-il lorsque ces données provenant de fichiers différents mais concernant la même personne, sont rassemblées et traitées de manière systématique ? Elles peuvent alors devenir de véritables mines d'informations...
Au cours de ces vingt dernières années, le secteur des services financiers européens a connu des changements structurels majeurs. Tandis que la déréglementation et l’évolution des technologies ont toutes deux concouru à offrir un éventail plus large de services et ont fait monter la pression des prix dans les segments lucratifs de divers marchés financiers, la chasse aux clients fortunés s’est faite au détriment des consommateurs à faibles revenus et des petites entreprises.
Les services sont aujourd’hui au cœur de notre économie. Ils représentent près de 70% du produit intérieur brut (PIB) et de l’emploi. On parle beaucoup de la croissance des services mais la question de l’innovation dans ce secteur est le plus souvent absente des débats. Et pourtant...