La question de la gratuité des services collectifs est au cœur des débats sur l’État social. À quoi sert-elle? Quels sont ses implications, ses bénéfices, ses limites? En d’autres termes, sous quelles conditions la gratuité peut-elle atteindre ses objectifs, notamment de réduction des inégalités? Cet article explore ces questionnements à travers l’analyse d’un cas concret: la gratuité des transports en commun. Il offre ainsi une base solide pour réexaminer et approfondir le débat sur la gratuité.
En avril dernier, le Parlement et le Conseil européens ont voté une refonte des règles budgétaires européennes. Sous la pression des pays dits «frugaux» (Autriche, Danemark, Pays-Bas et Suède), les règles sont restées très rigides. L’objectif premier de la réforme est ainsi de garantir des finances «saines et viables» et de tendre vers une dette publique inférieure à 60% du PIB, au détriment des nombreux besoins d’investissements écologiques et sociaux.
Le prix des carottes a augmenté de 65% en deux ans selon Test Achat (2023), tandis que celui des fish sticks de 21% et celui des frites surgelées de 64%. L’agence statistique belge indique quant à elle que le prix de l’ensemble de la nourriture a augmenté de 24% en deux ans (Statbel, 2023). La guerre en Ukraine, des sécheresses et la crise énergétique sont passées par là. Mais ces événements ne suffisent pas à expliquer la totalité de la hausse des prix. Des entreprises ont bénéficié des hausses de prix générales et ont engrangé des profits exceptionnellement élevés.
Par Olivier Malay, Docteur en économie (UCL), il enseigne l’éthique économique à Solvay et collabore au service d’études de la centrale CSC Alimentations et services.
Les transports en commun constituent un service public essentiel. Beaucoup en ont besoin pour se rendre à l’école, au travail, pour voir leur famille, pour leurs loisirs, etc. Pour de nombreuses personnes, âgées ou ne pouvant se permettre d’avoir une voiture, c’est même le seul moyen de se déplacer. Développer les transports en commun permet aussi de lutter contre la dépendance à la mobilité automobile et ses conséquences sociales et environnementales. Le sous-investissement chronique et le manque d’ambition rendent cependant ce mode de transport de plus en plus compliqué pour les usager·ères. Quelles sont les causes et les conséquences de ces choix politiques ? Le cas du chemin de fer belge 1.
Par Mathieu STRALE, Chercheur en géographie à l’Université libre de Bruxelles.
À quelques mois des élections fédérales, régionales et européennes en Belgique, il est probable que la question des « inégalités » revienne sur le devant de la scène. Le terme recouvre des réalités tellement diverses que tout le monde ou presque peut le mobiliser à sa guise dans son argumentaire électoral. Vu ce contexte, il n’est pas inutile de revenir sur ce que le terme recouvre et de faire le point sur ce que l’on sait des inégalités de revenus en Belgique.« Les inégalités augmentent. » Cette phrase sera prononcée dans les semaines à venir dans un débat public en Belgique. Formulé comme tel, le constat est vague. De quelles inégalités parle-t-on ? De revenus ? De patrimoine ? De consommation ? De santé ? D’accès à l’éducation ou à la culture ? Puis quelle est la population concernée ? Inégalités entre riches et pauvres ? Entre générations ? De genre ? Enfin, quelle est la période couverte par le constat ? La crise COVID ? Depuis la crise de 2008 ? Depuis la montée du néolibéralisme ? Préciser tout cela vous semble peut-être rébarbatif et inutile pour gagner un débat à la télévision ? C’est possible (mais discutable). Préciser tout cela pour appliquer une politique publique, nettement moins.
Au cœur de multiples débats, le néolibéralisme «à la belge» demeure pourtant peu étudié. Un vide que les auteur·rices Zoé Evrard (doctorante en sciences politiques à l’Institut d’Études Politiques de Paris et chargée de recherche au CRISP) et Damien Piron (docteur en sciences politiques et sociales et chargé de cours en Sciences administratives à l'Université de Liège) ont voulu combler en publiant l'ouvrage collectif Le(s) néolibéralisme(s) en Belgique – Cadre macroéconomique, applications sectorielles et formes de résistance (Academia L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, 2023, en accès libre en ligne), première analyse empirique et transversale des trajectoires de néolibéralisation à l’œuvre en Belgique. Il met en évidence la multiplicité de ses acteurs et ses effets contrastés dans une série de secteurs et de politiques publiques.
Loin du Plan Marshall américain, tant par leur contexte d’émergence, leurs ambitions et leur méthode de financement, les plans wallons de redressement économique se succèdent depuis la fin du siècle passé et, même si leur nom change au fil des législatures, ils s’inscrivent dans la même continuité. La crise du Covid et avec elle la promesse d’un autre monde à venir ont fait miroiter un changement de cap; l’espoir d’une relance qui rencontre vraiment les besoins humains, écologiques, sanitaires et sociaux de la société. Finalement, le dogme du marché s’est à nouveau imposé pour financer les politiques publiques. Même s’il est encore trop tôt pour évaluer le Plan de relance wallon actuel et les projets prioritaires qui le composent, on peut d’ores et déjà poser un certain nombre de questions et mettre en avant des enjeux primordiaux pour l’avenir.
À l’heure où le gouvernement prépare une réforme fiscale et où l’impôt sur la fortune resurgit dans les débats, il est intéressant de se plonger dans l’histoire de la fiscalité, intrinsèquement liée à l’histoire politique et sociale de notre pays. Simon Watteyne, historien, est l’auteur d’une thèse sur les conflits politiques autour de l’impôt en Belgique de 1830 à 1962.
Les dernières données de l’Office européen de Statistiques (Eurostat) montrent une évolution des prix jamais connue en Belgique depuis les années 1970 : les prix ont bondi en aout 2022 de +10,5 % par rapport à l’année précédente. Pour toute personne de moins de 40 ans, une inflation élevée est une nouveauté. Un tour d’horizon de la question s’avère nécessaire. Qu’est-ce que l’inflation ? D’où vient-elle aujourd’hui ? Quelles conséquences socio-économiques ? Comment y faire face ? 1
L’approche du « budget base zéro » (BBZ) a récemment fait son apparition au sein du gouvernement wallon. L’objectif ? Améliorer la gestion publique des dépenses et des recettes via certaines techniques spécifiques inspirées du monde de l’entreprise. Élaborées et mises en oeuvre par des experts de cabinets de consultance externes, en quoi consiste cette méthode? Quels en sont les résultats? Et quels en sont les présupposés politiques par rapport à la politique budgétaire et à l’évaluation des politiques publiques ? Éclairage.