Au début, j’ai vraiment cru que c’était une blague. Une bonne plaisanterie qui fait bien rire, comme nous en racontent si souvent ces derniers temps nos élites économiques et politiques. Mais non, ce n’était pas une galéjade. Le récent appel lancé par M. Ernest-Antoine Seillière, le patron des patrons européen, aux gouvernements de racheter les dettes des entreprises pour éviter les faillites n’est pas destiné à nous faire mourir de rire. C’est du sérieux. Il faut dire que ces derniers temps, on ne badine pas avec l’économie de marché et la concurrence pure et parfaite. Après avoir claqué quelques dizaines de milliards dans les banques, puis quelques centaines dans les plans de relance, les pouvoirs publics seraient maintenant priés de racheter directement les dettes des entreprises. Dans la même lettre, M. Seillière demande de ne pas handicaper la compétitivité européenne par une nouvelle réglementation sur le congé de maternité. C’est bien vrai ça, avec la protection des femmes enceintes européennes, comment voulez-vous être compétitifs face à l’Inde ou la Chine ? Quant à l’appel pour la remise générale des dettes, après réflexion, pourquoi pas ? Cela fait même vachement penser au jubilé du Lévitique. Vous savez, ce livre biblique (Lv 25:10) qui prescrit, tous les cinquante ans, une année dite sabbatique. Pendant cette année, c’est vrai, on remet toutes les dettes, un peu à la manière de M. Seillière. Mais le jubilé, c’est aussi : laisser reposer la terre, libérer les esclaves et, surtout, redistribuer les biens. Alors, cher Ernest-Antoine, toujours d’accord pour une année sabbatique ?

Le Gavroche

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Mai 2019

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