À lire les journaux, pas de doute : nous avons inventé la machine à remonter le temps. Ainsi, à l’heure d’écrire ces lignes, la Bourse de Paris et le Bel20 sont revenus à leurs niveaux de 2003, tandis que le Dow Jones est déjà plus ou moins en 1996. Au début de la crise, le chômage était au niveau de 2006. Puis de 2001. Puis de 1993. Maintenant, aux États-Unis, c’est même déjà 1983. Mieux : la vitesse de la chute de l’emploi ces trois derniers mois ramène l’Amérique à 1939. Et si l’on commence à parler de dépression, alors on se retrouve carrément en 1929. Même les théories économiques remontent le temps. Après avoir enterré celles des trente dernières années, on exhume les économistes des années 1920 et 1930. Bientôt, vous verrez, on ressuscitera Marx. Blague à part, je pense qu’on pourrait vraiment améliorer ce monde en remontant encore plus loin, à l’invention du minerai de cuivre, premier métal utilisé par l’homme il y a 4000 ans. Car quand on y réfléchit, tout ce qui nous arrive de mal vient de lui. Suivez l’enchaînement : dès la découverte du minerai, il a fallu l’extraire. Donc créer des ateliers. Donc avoir des ouvriers. Donc nommer des contremaîtres. Nommés par qui ? Par des patrons. Ensuite, il a fallu vendre le minerai. Donc développer le commerce. Donc ouvrir des comptoirs, construire des routes, et améliorer les moyens de transport. Financés par qui ? Par des banquiers. Ensuite, il a fallu des milices pour protéger les capitaux. Puis il a fallu développer des administrations. Donc engager des fonctionnaires, lever des impôts et des armées. Par qui ? Par l’élite politique. Tout cela a abouti à la naissance de nations et d’empires de plus en plus puissants. Donc se faisant de plus en plus concurrence pour obtenir le minerai de cuivre (et d’autres babioles). Ce qui a provoqué des crises, des conflits, des guerres et des troubles sociaux. Mais ne désespérons pas. Nous sommes déjà en 1929. Il n’y a plus qu’environ 3900 ans à remonter et on aura la paix.
