La Belgique, pays inventif en matière d’arrangements institutionnels, ne l’a pas été moins ces derniers temps en matière d’idées politiques. C’est en effet dans notre pays qu’a mûri un nouveau concept promis peut-être à un bel avenir, celui d’"État social actif". Dans les déclarations d’hommes politiques, en particulier francophones, interrogés sur leur perception de ce concept, on a pu percevoir une certaine perplexité. L’État social actif serait une réalité floue, voire un simple slogan cachant l’emprise, jusque dans les partis dits de gauche, de la logique néo-libérale. De quoi s’agit-il donc ?
21.000 F par mois, taux isolé : le montant du minimex en Belgique. Un revenu considéré comme largement insuffisant aux yeux de nombreuses associations d’aide d’urgence, de médiateurs de dettes, de travailleurs sociaux, de CPAS qui s’époumonent en vain depuis des années… Une étude universitaire vient pourtant de se joindre à leur cri d’alarme. Ses conclusions sont on ne peut plus claires : le revenu minimum d’existence ne couvre pas les besoins de base !
Du point de vue de la protection sociale, la grande majorité des personnes prostituées se déclarent comme indépendantes. Elles ont alors le statut social des indépendants. Nombre d'entre elles sont certainement, comme d'autres travailleurs, de “fausses indépendantes”. Il leur est conseillé de conserver soigneusement toutes les preuves de leur dépendance à l'égard d'un employeur pour tenter le cas échéant, de se faire reconnaître a posteriori comme salarié (ouverture du droit au chômage).
La prostitution et son cortège de dégradations humaines s'opposent à l'égale dignité des êtres humains. Elle est une violence faite contre les personnes prostituées et s'oppose à la philosophie de l'égalité entre hommes et femmes. Il faut donc à ce titre la combattre. Mais comment ? Plusieurs courants s’affrontent : l’“école” suédoise criminalise le client. L’ “école” hollandaise veut encadrer ce “métier”. La Belgique évitera-t-elle le débat ?
L’affaire avait fait l’objet d’articles dans la presse belge : sous prétexte de vérifier que ses hôtesses de l’air, prenant leur service à l’aéroport de Charleroi, ne sont pas sous l’emprise de la drogue, la compagnie aérienne Ryanair les obligeait à se laisser prélever une mèche de cheveux en vue de procéder à des tests. Interpellée, la compagnie répondit avec sa morgue habituelle : société de droit irlandais, exploitant des avions immatriculés en Irlande, elle applique à son personnel navigant le droit du travail irlandais, qui admet de telles pratiques...
La réforme institutionnelle présente une différence de nature avec les réformes précédentes. Elle porte en partie sur des matières qui relèvent aujourd’hui de la sécurité sociale. Par son financement, par l’association à sa gestion des interlocuteurs sociaux et surtout par une relation particulière aux citoyens, fondée en partie sur l’assurance, la sécurité sociale est un dispositif spécifique dans l’action des pouvoirs publics. La défédéralisation de tels dispositifs entraîne une modification en profondeur de leur logique de fonctionnement. Le choix entre communautarisation et régionalisation, qui peut aussi être dicté par une logique institutionnelle, a des implications directes de politique sociale.