Au secours, ils sont devenus fous ! À la grosse louche, les médias belges francophones ont consacré au moins 20 fois plus de couverture médiatique que les Français au procès Fourniret. Deux jours avant ledit procès, la RTBF consacrait déjà plus de la moitié de son JT à rappeler les événements. Le lendemain, rebelote, avec parfois les mêmes reportages que la veille, puis émissions spéciales, et tout le toutim. Pour RTL, je ne sais pas, je ne la capte pas, j’imagine le pire. Idem dans la presse écrite. Ainsi, rien n’a été épargné au lecteur-auditeur-téléspectateur qui aura appris avec la satisfaction intellectuelle qu’on imagine que Fourniret est un « lamentable pitre » (sic), que « Monique Olivier n’a pas tout dit » (re-sic), ou encore que « le chantage de Fourniret continue » (re-re-sic). Christian Panier, juge à Namur, est presque trop aimable en parlant de « couverture médiatique ridicule ». Avec la délicatesse de l’éléphant dans un magasin de porcelaine – dans une affaire qui aurait mérité plus de dignité pour les victimes et leurs familles –, certains médias n’ont pas manqué, involontairement on l’espère, de libérer les forces créatrices citoyennes : dans les courriers internet des lecteurs ont fleuri les messages héroïques du genre « vive la guillotine ! », « que ce monstre reste enfermé jusqu’à son dernier souffle en prison, sans aucune sortie, télévision, livres, journaux, etc. », ou encore « qu’on le pousse au suicide » (pour ne pas devoir payer son incarcération…). Autant on comprend l’émotion et la colère, autant on devrait se méfier du matraquage médiatique affectif, qui rime trop souvent avec lynchage public.