On a beaucoup critiqué l’orange bleue, ces derniers temps. Je ne comprends pas pourquoi. Les négociateurs ont déjà accompli un boulot his-to-ri-que. Ils ont déjà inscrit au moins deux dates dans les annales du pays : le 5 novembre (record battu de la plus longue crise politique), et le 7 novembre (premier vote majorité contre minorité linguistique). Peut-être que ce seront bientôt des jours fériés, en souvenir... Et puis aussi, il y a toutes ces nouvelles créatures : explorateurs, réconciliateurs, etc. Toutes ces nouveautés sans même avoir de gouvernement, un vrai exploit, non ? Tiens, à propos du fameux vote sur BHV : quand je l’ai appris, j’étais en train de prendre un café dans un bistrot à Louvain-la-Neuve avec un pote flamand qui habite à Tourinne-la-Grosse. Ça ne s’invente pas... Alors, d’abord, on a tiré une drôle de tête. Puis, on a essayé de chacun se mettre à la place de l’autre. Puis on a pris une pintje, et c’est même moi qui l’ai payée (faudra songer à déduire ça des transferts nord-sud – non, je blague !). Le soir, ça m’a donné une idée. Voilà ce qu’on devrait faire : demander à nos hommes politiques de se mettre à la place des autres. Olivier Maingain jouant le rôle de Bart De Wever, Yves Leterme à la place de Didier Reynders et Bart Somers dans la peau de Joëlle Milquet. Tout à coup, je me suis demandé : est-ce que Maingain exigerait sur-le-champ la scission de BHV pour défendre l’intérêt des Flamands ? Est-ce que Leterme tenterait d’imposer en échange l’élargissement de Bruxelles ? Un ami qui est dans le théâtre me disait récemment : « pour les acteurs, ce n’est pas tellement le texte qui compte, mais les situations ». Pas de doute là-dessus. Mais tout ça, me direz-vous, ne nous fait pas un pays.
Gavroche