La scène se passe dans une école de management du nord du pays dont la réputation dépasse les frontières (par les temps qui courent, n’en faisons pas un fromage communautaire : cela aurait pu se passer au Sud du pays, à l’Est ou à l’Ouest, voire à Bruxelles, mais il se fait que là, c’était au Nord. Bon, soit. Pfff… quel champ de mines, cette Belgique…). C’est le jour de la remise des MBA (prononcez : èmbiéy, pensez : master in business administration, comprenez : école des futurs patrons, ou en tout cas de ceux qui souhaitent furieusement le devenir). Les étudiants sont tous là, frétillants d’impatience à l’idée de se voir offrir enfin la clé du monde de l’entreprise. Le directeur, qu’un témoin me décrit comme ressemblant davantage à un vieux poivrot qu’à l’un de ces jeunes cadres dynamiques que l’on voit dans les publicités du Wall Street Journal, se fend d’un discours de fin d’année (in english of course) qui se clôt par un très bruyant : « And now, I wish you a lot of money » (pour ceux qui n’auraient pas fait leur èmbiéy : « Et maintenant, je vous souhaite plein de pognon »). Au moment de la photo des diplômés, en guise de « cheeeeese » pour faire semblant de sourire, les étudiants hurlent : « moneyyyy ». Sans commentaires. Mais après qu’on m’ait raconté ça, j’ai quand même été sur le site internet de ladite école pour voir ce qu’ils enseignaient et sur la base de quelles valeurs. Figurez-vous qu’on y parle de la mission visant à « professionnaliser » l’esprit d’entreprise, sur la base des valeurs de l’intégrité, de l’autonomie, du respect de la diversité et de l’attention au client. En fait, un insupportable blabla pour couvrir l’écho de ce « moneyyyy » qui résonne encore dans ma tête.
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