Tous les pays de l’OCDE ont été touchés par un effondrement de la part de la richesse nationale qui va aux travailleurs au cours des 30 dernières années et ce, de manière plus (France) ou moins rapide (États-Unis). L’autre partie, correspondant aux bénéfices qui sont soit convertis en investissements, soit reversés aux actionnaires (versement de dividendes, rachats d’actions…) a mécaniquement gagné en importance.


En Belgique, ce mouvement est parfois considéré comme un simple retour à la normale dans la mesure où la courbe décrivant l’évolution de la part salariale revient au niveau d’avant le premier choc pétrolier de 1973. Celui-ci amorça une inflation prix-salaires 1 qui conduisit à une dégradation de la compétitivité et à la fin du plein emploi. La situation était à ce point dramatique en Belgique qu’il était question que, comme pour les pays dits « en retard de développement », le FMI envoie une équipe à Bruxelles afin d’aider le gouvernement à redresser la situation. Le deuxième choc pétrolier n’arrangea rien. La dévaluation du franc belge fut décidée en 1982, ainsi qu’un gel des salaires un peu plus tard, puis le plan global et la création de l’indice-santé. Cependant, un examen de la situation dans d’autres pays ne laisse aucun doute sur le faible pouvoir explicatif de l’argument du « retour à la normale » pour rendre compte de la baisse de la part salariale. Dans les principaux pays de la zone euro, ainsi qu’aux États-Unis, la part salariale, surtout celle qui va aux travailleurs du secteur privé exposés à la concurrence, est retombée sous le niveau d’avant le choc pétrolier et elle ne semble pas vouloir se redresser. La Belgique étant une petite économie très ouverte et donc en proie aux mêmes turbulences que ses partenaires commerciaux, l’argument du « retour à la normale » semble évoqué pour évacuer des questions importantes liées au rapport de force travail-capital, à l’immoralité des licenciements décidés par des grandes firmes enregistrant des superprofits, la mondialisation et l’extension de la réserve de main-d’œuvre mondiale, et l’empreinte de la logique financière sur différents compartiments de la vie économique… Sur le long terme, la dégringolade peut s’expliquer par une dégradation du rapport de force au détriment des travailleurs et par des évolutions structurelles. Ces deux types d’explication ne sont d’ailleurs pas étrangères l’une à l’autre.
Parmi les éléments qui ont contribué à réduire l’influence des travailleurs, il faut en premier lieu relever la diminution du taux de syndicalisation dans une majorité de pays à partir du choc pétrolier. La période récente montre une stabilisation des troupes syndicales dans un certain nombre de pays européens (dont la Belgique), voire une consolidation de leurs positions (essentiellement Irlande et Espagne), tandis que le déclin se poursuit dans les anciens États membres de l’UE. Certains gouvernements, tels que ceux de Margaret Thatcher, ont été élus sur la base d’un programme qui ne cachait pas ses velléités de « casser les syndicats », de les marginaliser en limitant leur sphère d’influence.
Finalement, certains syndicats (le DGB allemand) ont enduré une hémorragie parce que trop liés à un parti social-démocrate de la majorité qui a adopté des réformes perçues comme antisociales. D’autres ont payé un lourd tribut en termes d’affiliations suite à leur prise de position sur des dossiers très sensibles (la CFDT sur la réforme des retraites en France). De même, le regroupement de certaines centrales syndicales, notamment allemandes, a pu créer un malaise de la base qui ne se retrouve pas dans l’entité fusionnée, et bouleverser l’équilibre des forces au sein des confédérations.
Deuxième facteur contribuant à l’érosion de la part salariale : la profusion de contrats atypiques tels que les contrats à durée indéterminée et le temps partiel afin de convertir une partie des frais fixes liés aux rémunérations en coûts variables. En 1992, 25,4 % des travailleurs étaient concernés par un contrat à durée déterminée ou un temps partiel. En 2005, la proportion avait grimpé à 33 %. En ce qui concerne les contrats à durée déterminée, ils ne conduisent que dans 33 % des cas à un contrat à durée indéterminée (contre 22 % à un non-emploi et 39 % à un autre contrat du même type) 2.
Troisième facteur structurel : la féminisation de la force du travail. Si l’objectif européen consiste à atteindre un taux d’emploi féminin de l’ordre de 60 % en 2010 (partant d’un taux de 50 % en 2000), ce n’est que depuis quelques décennies que les femmes rejoignent le marché du travail. La forte progression (plus marquée encore en Belgique) de leur taux d’activité au cours des quinze dernières années témoigne de ce phénomène. En Europe, les femmes représentent 44,3 % de la force de travail (41,4 % en 1995). Elles sont surtout présentes dans le secteur des services. Elles sont presque en monopsone (demandeur unique de travail) dans l’éducation, la santé et l’action sociale, où elles constituent plus de 70 % des effectifs, chiffres en hausse constante.
Leur surreprésentation dans ces services moins bien rémunérés à laquelle s’ajoute le problème généralisé d’un écart salarial persistant au détriment des femmes et qui n’est pas sans lien avec le fait qu’elles sont, beaucoup plus que les hommes, couvertes par des contrats de travail atypiques, contribue encore à faire dégringoler la courbe de la part salariale.
Certains phénomènes exercent des effets opposés sur l’évolution de la part salariale et nécessitent une prise de distance. Citons en trois. Au cours de ces années, sous l’impulsion de l’intégration européenne (marché unique, euro, élargissements), de la mondialisation (affirmation de nouveaux compétiteurs internationaux, OMC), des nouvelles technologies, de la progression des revenus et du vieillissement démographique qui commence à se faire sentir, les économies nationales ont été chamboulées. Les services ont pris le relais de l’industrie comme moteur de la croissance. Ils sont surtout prestés par une myriade de PME très souples et où le taux de syndicalisation est largement inférieur aux grandes entreprises industrielles. C’est le secteur qui est le plus dynamique en termes de création d’emplois. Cependant, les gains de productivité y sont généralement beaucoup moins élevés que dans l’industrie 3. Quant aux répercussions de ces changements structurels sur les salaires, ceux-ci dépendent du niveau de rémunération par rapport à celui de l’industrie manufacturière dans les différentes branches et de l’évolution de l’emploi.
Pour compliquer les choses, il faut aussi noter que les travailleurs sont de plus en plus éduqués. Cela devrait se refléter dans un salaire plus élevé (numérateur) mais aussi par une productivité supérieure (dénominateur). De même, les programmes d’activation visent à élever le taux d’emploi des bas qualifiés (qui représentent un tiers de la population). Ceux-ci occuperont des emplois-tremplin dans des services de proximité (titres-services, par exemple) pour leur remettre le pied à l’étrier. Il s’agit d’emplois moins productifs (dénominateur) mais en même temps, ces emplois sont beaucoup moins bien rémunérés que la moyenne (numérateur).
Ainsi, on voit que dans ces situations, il est très difficile d’identifier a priori quel sera l’effet dominant. Ceci dit, on ne peut exclure que les deux premiers effets (diminution de l’influence syndicale et flexibilisation du marché du travail) qui contribuent à faire plonger la part salariale soient neutralisés par les phénomènes plus ambigus qui viennent d’être mentionnés.

Catégories socioprofessionnelles

Les termes de « part salariale » ou de « part du gâteau revenant aux travailleurs » donnent l’image trompeuse qu’on parle d’un groupe homogène, monolithique. Or, rien n’est moins vrai. Une coupe dans la part du gâteau révélerait plusieurs strates, plus ou moins épaisses : la « classe laborieuse » renferme en son sein différentes catégories dont les sorts divergent dans une certaine mesure. Ainsi, les dirigeants d’entreprises, les professeurs d’universités, le personnel d’entretien, les ouvriers, etc., présentent tous le point commun de percevoir un salaire (auquel peut s’ajouter des bonus de différentes natures, allant des tickets restaurants aux stock-options) et pour cette raison, se retrouvent mélangés dans la part salariale. Pourtant, une fois l’élément « salaire » mis de côté, ils partagent peu de choses en commun, à commencer par le niveau du salaire, mais aussi la croissance de leur salaire : le graphique de la page suivante 4 montre que tandis que les dirigeants et les cadres supérieurs ont un salaire mensuel brut moyen plus de deux fois supérieur aux cinq catégories socioprofessionnelles de la droite du tableau, leur salaire mensuel a augmenté beaucoup plus rapidement. Cela implique que si on l’excluait de la part salariale cette catégorie parce qu’elle tire une grande partie (voire la majeure partie) de ses revenus de son patrimoine immobilier ou financier (ignorés ici car il ne s’agit pas de salaires), la part salariale serait non seulement plus basse mais surtout, tomberait plus rapidement !

Mondialisation et démographie

Depuis l’ouverture au commerce international de la Chine, de l’Inde et des anciens pays du Bloc soviétique dans la décennie 1980, ce sont près d’un milliard et demi de travailleurs qui ont grossi les rangs des classes laborieuses. Cela signifie que les travailleurs des pays développés font face à cette concurrence que certains employeurs véreux utilisent comme prétexte pour démanteler des avantages acquis et ce, même s’ils réalisent des profits. La pression sur les salaires, en particulier des moins qualifiés mais de plus en plus de l’ensemble des travailleurs, s’intensifie. Comment en serait-il autrement quand par exemple, une heure de travail coûte près de 1 dollar en Chine ou en Inde, 2,5 dollars au Brésil contre 24 dans l’UE-15 et 27 en Belgique 5 ! Étant donné leur forte réserve de main-d’œuvre, il faudra attendre la seconde moitié de ce siècle pour qu’une lente progression des revenus s’enclenche et que la concurrence salariale s’atténue. Ce n’est donc pas demain que la pression qui pèse sur les travailleurs sera relâchée.
Cela dit, la concurrence de la Chine pourrait être mise à mal parce que la Chine vieillit vite, très vite, beaucoup plus vite que l’Europe. Par contre, l’Inde, le Brésil et l’Afrique sub-saharienne vont non seulement voir leur poids démographique croître au cours des décennies à venir, mais aussi leur population restera relativement jeune (âge médian respectif de 38,6 ; 39 ; et un peu plus de 20 ans selon les projections des Nations Unies pour 2050, contre 47,3 ans pour l’Europe et 45 ans pour la Chine). Si l’Afrique sub-saharienne continue à se relever 6 et à surmonter les conflits ethniques, elle aurait certains atouts à faire valoir pour prendre sa place dans la mondialisation.

Capitalisme casino Depuis plusieurs années, nous sommes entrés dans une phase de forte modération salariale sous la pression de la concurrence internationale qui s’intensifie et des normes de rentabilité (15 %) imposée par les grands actionnaires. Les fonds de private equity et les hedge funds sont devenus deux vecteurs de propagation de ces normes.
Les fonds de private equity (total de 700 milliards de dollars) sont, pour la majorité d’entre eux, des fonds spéculatifs qui procèdent principalement par rachat d’entreprises en s’appuyant sur l’endettement. Après en être devenu l’actionnaire majoritaire, le fonds sort l’entreprise de la cotation boursière. Elle n’est alors plus soumise aux obligations d’information. Il procède alors à de lourdes restructurations, ce qui peut provoquer des licenciements massifs dans l’optique de réduire les coûts et réaliser une plus-value lorsqu’il désinvestira l’entreprise (après 5 ans en moyenne) et la revendra à un autre fonds ou à une autre entreprise ou la réintroduira « assainie » en Bourse. Il va sans dire que ces fonds ne se préoccupent pas de la compétitivité de long terme des entreprises.
Il ressort d’une étude indépendante réalisée au Royaume-Uni 7 où ces fonds sont très présents que les salaires, dans les entreprises qu’ils contrôlent, augmentent moins rapidement que dans le secteur privé en moyenne et que les systèmes de rémunération variable y sont encouragés. Inutile de préciser que ceci est de nature à diminuer la part salariale et à accélérer sa baisse. Lorsqu’ils investissent dans des actions d’entreprises (pour une durée de 4 à 6 mois !), les hedge funds (1 500 milliards de dollars) se contentent d’en posséder un petit pourcentage. Leur objectif est de peser sur la stratégie de l’entreprise en se faisant entendre lors des assemblées générales des actionnaires. Ils essaient d’en extirper un maximum de valeur pour leurs propres actionnaires parmi lesquels on dénombre des individus très riches et, surtout, des fonds de pension. Ainsi, les travailleurs qui investissent leur argent dans ce type de véhicules pour leurs vieux jours fournissent les munitions pour que ceux-ci fassent pression sur les entreprises d’autres travailleurs, voire la leur ! Avec les conséquences que cela entraîne sur l’évolution de la part salariale.
Si l’on se tourne vers les capitalistes (qui constitue l’inverse de la part salariale), il apparaît que les managers des fonds spéculatifs sont taxés sur la plus-value et pas sur l’impôt des personnes physiques. Ce faisant, ils évitent les tranches supérieures de l’impôt 8. Aussi, comme beaucoup de hedge funds sont localisés dans des paradis fiscaux, la question de l’imposition ne se pose même pas. Ce traitement avantageux contribue à gonfler la part du gâteau qui revient aux capitalistes et échappe donc aux travailleurs. De tout cela, et outre la concurrence fiscale à laquelle ils se livrent pour attirer les capitaux sur leur territoire, il résulte une perte de recettes pour les États. Cette situation est pour le moins paradoxale quand on pense aux difficultés de financer la sécurité sociale.
Bien plus fondamentalement, se pose un problème d’équité car ces fonds, managers et actionnaires sont relativement moins taxés que le travailleur lambda. Absolument rien ne justifie cet état de fait. Ces évolutions ne sont en réalité pas circonscrites aux seuls salaires. Si l’on se penche sur l’ensemble des revenus dont les salaires ne sont qu’un élément à côté des actions, obligations, stock-options, etc., il est clair que cette « financiarisation de l’économie » accentue les déséquilibres dans la répartition des ressources. Elle concentre l’accumulation de richesses dans les mains d’une poignée de capitalistes. Aux États-Unis, dont on dit souvent qu’ils ont au moins une décennie d’avance sur le reste du monde, la « part du gâteau » américain, calculée cette fois-ci sur l’ensemble des revenus et revenant aux 10 % les plus riches, a gonflé considérablement pour passer de ± 32 % du PIB en 1980 à 44 % en 2000 après avoir été stable depuis la Seconde Guerre mondiale. Il n’est pas anodin de constater que ce développement démarre avec l’arrivée du très républicain et libéral Ronald Reagan à la Maison Blanche. Une étude au microscope révèle que c’est le 0,1 % de la population la mieux nantie (soit 300 000 personnes) à qui la mondialisation a le plus profité qui tire la courbe vers le haut 9. Ce 0,1 % capte une part croissante de la richesse nationale. Dans le même temps, le salaire réel des autres travailleurs stagne, voire se détériore. Il semble que pareille évolution soit caractéristique du monde anglo-saxon (cf. aussi Royaume-Uni, Canada), où le capitalisme est guidé par une logique purement financière, et non plus industrielle ou patrimoniale 10.
Les rapports annuels sur la richesse mondiale réalisé par Capgemini et Merrill Lynch offrent une perspective globale de la situation. Ils confirment la bonne santé financière des plus riches. Que retenir de ces rapports ?
– En 2005, 9,5 millions de personnes détenaient pour plus d’1 million de dollars d’actifs financiers (en 1997, ils étaient 5,24 millions). Ils cumulaient une richesse équivalente à 37,2 milliers de milliards de dollars 11 qui devraient grimper à 51,6 milliers de milliards pour 2011 ;
– la crème de la crème, c’est-à-dire les plus riches parmi les riches avec un portefeuille d’au moins 30 millions de dollars est un club très select de 95 000 personnes mais pas si fermé que cela puisqu’ils étaient moitié moins en 1997 (41 600). À eux seuls, ils possédaient 13 trillions de dollars. Leur revenu a augmenté de l’ordre de 16 % en 2005, soit plus que celui des 9,5 millions de riches (+ 11 %).
Cette population privilégiée n’est pas sans rapport avec les fonds de private equity et les hedge funds puisqu’ils ont investi pour 3,72 trillions dans ces fonds spéculatifs notamment, et plus classiquement, pour 11 trillions en actions (à titre d’information, la capitalisation boursière mondiale, c’est-à-dire la valeur de toutes les entreprises cotées en Bourse équivaut à près de 44 trillions de dollars !).
On le comprend à la lecture de ces faits et chiffres : ce n’est pas l’actionnariat salarié qui donne l’impression que tout le monde peut bénéficier du capitalisme financier en créant une classe hybride de salariés-actionnaires qui peut sérieusement contenir les dérives dont les hedge funds et fonds de private equity sont emblématiques. Et cela d’autant plus que ce système n’est pas répandu partout 12 et ne concerne que les travailleurs situés dans les tranches supérieures de revenus. Ici aussi, force est de constater que, comme pour les salariés, les capitalistes/actionnaires ne présentent pas un profil uniforme : certains sont de gros joueurs gourmands, d’autres sont plus des « financiers du dimanche ».

Au-delà de la part salariale Une erreur systématiquement commise lorsqu’on évalue les développements de la part salariale consiste à ignorer un élément pourtant important : les cotisations sociales. Celles-ci font bel et bien partie du paquet salarial puisqu’elles ne sont rien d’autre que du salaire différé qui sera « payé » en cas de chômage, de maladie ou invalidité ou au moment du départ en retraite. Or, au cours de la décennie écoulée, les États membres de l’UE ont procédé à un allègement de cotisations sociales pour un montant équivalent à 0,5 % du PIB. Les diminutions ont été les plus marquées dans les nouveaux États membres, en Finlande et plus près de chez nous, en France et aux Pays-Bas.


1 Phénomène par lequel les travailleurs parviennent à préserver leur pouvoir d’achat alors que les prix (en particulier des biens importés, dont le pétrole) ne cessent de grimper, ce qui réduit les marges des entreprises et produit des licenciements en guise de dommages collatéraux.
2 COM(2003) 728 final « Amélioration de la qualité de l’emploi: un examen des derniers progrès accomplis ».
3 L’utilisation du concept même de productivité dans ce secteur est assez contestable : comment, en effet, calculer la productivité d’un chercheur ou d’une assistante sociale ? Est-ce que cela a un sens ? La productivité étant un rapport entre deux unités de mesures (nombres de voitures assemblées par heure ouvrée, par exemple), dans le cas du chercheur, que mettre au dénominateur comme horizon temporel sachant que la recherche ne livre ses fruits qu’avec incertitude et, parfois, après un grand nombre d’années et au numérateur, comment monétiser les résultats des recherches qui peuvent lui être attribués sachant que celles-ci résultent généralement d’un travail d’équipe ? Pour l’assistante sociale, le calcul de sa productivité ne traduirait rien d’autre que la marchandisation de la société et des contacts humains.
4 Il ne traduit pas un jugement de valeurs (« est-ce que les dirigeants et cadres supérieurs méritent leur salaire ou la hausse de celui-ci ? »), car il ne rend pas compte de la fiscalité progressive ni des transferts (allocations familiales, etc.), ni du nombre total d’heures travaillées.
5 Certes, il faut aussi tenir compte de la productivité inférieure, des infrastructures moins développées, des droits de propriétés intellectuelles moins bien protégés qui agissent comme des freins à la délocalisation, à l’attractivité et à la compétitivité de ces pays.
6 La croissance économique ne repose plus uniquement sur les pays producteurs de pétrole mais sur l’ensemble des pays qui diversifient leurs exportations et enregistrent leurs meilleures performances depuis l’indépendance.
7 The Work Foundation, « Inside the dark box : shedding light on private equity », 2007.
8 Seule une poignée de ces gestionnaires peuvent se vanter de résultats faramineux. Pour chacun d’eux, beaucoup ont enregistré des résultats en ligne avec les performances du marché ou ont dû mettre la clé sous la porte. En dépit de leur petit nombre, les sommes impliquées sont suffisamment colossales pour tirer la moyenne vers le haut !
9 De 9 % en 1985 à 15 % en 2002. Leur part s’élève en France, au Japon et aux Pays-Bas à moins de 2 % du PIB et à 4,4 % en Allemagne.
10 Aux États-Unis, ils représentaient 2 % de la richesse nationale en 1980 mais près de 7,5 % en 2000. Au Canada, respectivement 2 % et 5,2 %. Au Royaume-Uni, 1,5 % et 3,5 en 1998. T. Piketty, E. Saez. : « The evolution of top incomes : a historical and international perspectives », American economic review, 2006.
11 Le PIB mondial s’élève pour cette année et selon la Banque mondiale à 44,645 milliers de milliards de dollars. Ce chiffre est cité pour avoir une idée de la richesse des plus riches car cette dernière est un stock et l’autre est un flux.
12 D’ailleurs, même au Royaume-Uni où le système est le plus développé, il ne concernait selon l’OCDE que 23 % (et encore, au sommet de la bulle technologique).

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