Peut-être avez-vous lu comme moi les derniers chiffres publiés par Eurostat, la direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique. Interpellant. En un an, de 2010 à 2011, la pauvreté a progressé de 0,8% dans l’Union. On dénombre désormais 120 millions de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale, soit un quart de la population européenne (24,2 %). Avec des variantes suivant les pays, certes. La Bulgarie déplore 49 % de personnes précarisées, une sur deux ! La Belgique s’en sort « plutôt bien », avec 21 %, soit plus d’une personne sur cinq, et une augmentation de 0,2%. Pendant ce temps, la Commission européenne ambitionne toujours de (faire) respecter ses objectifs pour 2020 : réduire de 20 millions (25 %) le nombre de personnes précarisées. Et cela, tout en diminuant drastiquement les budgets sociaux alloués à l’intégration sociale, comme on peut le lire dans l’article de Bart Vanhercke, Ramón Peña-Casas et Matthieu Paillet, en pages 5 à 7. Et tout en poursuivant aveuglément les politiques d’austérité budgétaire dans l’ensemble de la zone euro. Ces trois auteurs parlent de « schizophrénie » européenne. J’ignore s’ils sont diplômés en psychiatrie, mais je me demande si leur diagnostic ne devrait pas être étendu. Une récente étude a révélé qu’un Belge sur trois est exposé à un stress élevé au travail. Une proportion en constante progression, elle aussi. Ce qui n’empêche qu’on continue à nous imposer de travailler encore plus pour gagner toujours moins, tout en laissant de plus en plus de personnes sur le carreau du chômage et en enrichissant sans cesse quelques actionnaires nantis. Je ne suis pas psychiatre, mais à «schizophrénie», j’ajouterais... « hallucinatoire ». Pas vous?

Le Gavroche

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