Qu’on l’apprécie ou pas, il faut admettre que Joëlle Milquet ne manque pas d’aplomb. Je me le disais au lendemain de la Belgian Pride qui avait rassemblé près de 70.000 personnes dans les rues de Bruxelles le 12 mai dernier. La ministre de l’Intérieur était invitée aux débats dominicaux sur la RTBF et sur RTL-TVi pour parler d’homophobie après la mort violente d’Ihsane Jarfi. Face à elle : un prêtre et un imam aux positions légèrement schizophréniques et cinq homos déterminés à faire entendre la voix de leur communauté meurtrie par ce drame. Force fut de constater que l’ancienne présidente du cdH n’a reculé devant aucune contradiction. Elle s’est réjouie du droit pour les couples du même sexe de se marier et d’adopter des enfants en omettant de rappeler que son parti s’était farouchement opposé à ces deux législations. Elle a expliqué que, n’étant plus présidente, elle ne savait pas si le cdH avait ou non soutenu la Pride de la veille. Ben tiens! Tout au long de l’émission, elle n’a eu de cesse de ramener les violences homophobes à toutes les violences nourries par le rejet de l’autre : des femmes, des étrangers, des personnes handicapées... Mais si la violence est la même pour tous, pourquoi Joëlle Milquet s’évertue-t-elle à faire des homos une catégorie à part en parlant de «choix» d’orientation sexuelle? Si on ne choisit ni son sexe, ni son lieu de naissance, ni son état de santé, on ne choisit pas non plus son orientation sexuelle... À force de ne vouloir déplaire à personne, Mme Milquet aura juste noyé le poisson. Au moins aura-t-elle assuré une présence féminine sur ce plateau de télévision désespérément masculin. Comme quoi, chez les homos comme chez les hétéros, l’égalité des chances et la mixité ne sont pas innées.

Le Gavroche

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