Nous étions le 2 mai au petit matin. Je m’étais levé très tôt et je m’étais aussitôt connecté à mon réseau social préféré. Un ami français venait de publier une actualité qui me fit d’abord sourire : « Je ne sais pas si j’ai un vrai travail, écrivait-il, mais une chose est sûre, il est temps d’y aller... ». Je savais qu’à cette heure-là il était déjà en route pour l’atelier, où il allait rester debout pendant huit longues heures, derrière une machine vibrante et bruyante, pour un salaire minimum pas si garanti que ça. Je me dis que mon ami français ne manquait pas d’humour. Lui qui avait travaillé à la chaîne pendant des années, puis repris des formations pour adultes pendant deux ans et bouffé autant de vaches enragées avant de trouver enfin cet emploi «rêvé»... C’est lui, pensais-je, que Nicolas Sarkozy aurait dû inviter le 1er mai au Trocadéro à sa « vraie fête » du « vrai travail ». C’est alors que m’a pris l’envie d’en savoir plus sur le «vrai travail» version président sortant. En surfant sur le net, je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul. Des journalistes de l’excellent site d’information «Rue 89» avaient baladé une caméra au Trocadéro et demandé aux UMP ce qu’était, selon eux, « le faux travail ». Question pertinente, à laquelle une dame très chic leur a répondu que c’est «les syndicats» et « ces gens qui profitent du RSA pour dormir ». Cette dame très comme il faut parlait en connaissance de cause puisque lorsqu’on lui a demandé quel emploi elle exerce, elle a expliqué qu’elle travaille le verre et fait de la peinture sur toile. Mon ami français aussi fait de la peinture sur toile, mais uniquement après 20 h ou le dimanche, quand il en a encore la force. C’est vraiment lui que Nicolas Sarkozy aurait dû inviter le 1er mai. Mais il aurait décliné l’invitation...

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