Le maire de New York a donc fait évacuer le mouvement « Occupy Wall Street », manu militari et loin des caméras de télévision. Quel soulagement ! J’ai même été franchement rassuré d’entendre que 200 personnes avaient été arrêtées dans la violence. Car enfin quoi ? Des sinistres gauchistes tentaient d’envahir les hauts lieux de la finance mondiale dérégulée ? Un mouvement anti-capitaliste se développait dans l’Amérique postreaganienne ? Et avec le soutien de la population ?! C’était à ne plus rien y comprendre. J’ai donc hautement apprécié la remise au pas de ces hurluberlus qui voulaient changer ma vision du monde bien rangée. Chacun à sa place, messieurs. Le peuple au travail, les chômeurs derrière lui pour qu’il comprenne qu’il n’a pas intérêt à moufter et les dirigeants à la télé pour expliquer qu’il n’y a pas d’alternative. Franchement, sans cette remise au pas, je ne sais pas à quoi il aurait fallu s’attendre. Des électeurs tunisiens auraient pu croire que leur choix serait respecté par les observateurs internationaux ? Des manifestants grecs auraient espéré gagner la lutte contre leur mise à mort économique ? Et les syndicats belges imaginer sauver l’indexation automatique des salaires? Je dis «non !» Chacun sa place ! D’ailleurs, depuis l’intervention de Mr Bloomberg à New York, le peuple espagnol nous a montré que lui sait ce que signifie garder sa place. Si la situation est mauvaise, on sanctionne le gouvernement de gauche. Et on ne questionne pas tout, à tout bout de champ. Je dis merci aux 70 % d’Espagnols qui sont allés voter, et un plus grand merci encore aux autres 30% qui ont préféré rester chez eux. Car il faisait froid en novembre, à Madrid comme à New York. Rester chez soi, c’est au moins montrer que l’on sait où est sa place.