A peu près comme chaque jour, mon train accusait un certain retard. Mon premier réflexe fut, comme à chaque fois, de pester contre la SNCB, Infrabel, les incendies dans les cabines de signalisation qui perturbent le trafic, les voleurs de métaux qui provoquent d’innombrables retards, les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle et bloquent les trains… À côté de moi, d’autres navetteurs s’énervaient aussi, d’autres se contentaient de soupirer. Comme toujours, ça dépend des caractères. Ces collègues anonymes avaient-ils sans doute même plus de raisons que moi de fulminer de ces quelques minutes de retard en rouge sur le tableau d’affichage ; ils allaient rater leur correspondance. Moi, j’ai cette chance d’être en ligne directe, comme on dit. Passons. Puis, n’ayant rien d’autre à faire que de laisser mes pensées me mener là où elles avaient décidé, je me suis souvenu du drame qui se joue actuellement au Japon. Et de me dire dans ma petite tête: «Mon vieux, faudrait tout doucement apprendre à relativiser!» Au moment où je couche ces lignes sur le papier, on ne sait pas ce qui va arriver, on ne sait pas combien c’est grave, mais on sait que c’est très grave. Aujourd’hui, on en était à essayer de refroidir les réacteurs 3 et 4 de Fukushima avec des hélicoptères. La technique utilisée dans le sud de la France pour maîtriser un feu de broussaille qui menace de prendre un peu d’ampleur ! Comme à chaque fois et après-coup, il faudra tirer les enseignements de ces événements, ce sera le temps des experts, du débat politique, puis des décisions… En attendant, le seul enseignement que je tire, la seule chose que j’espère sous le coup de la colère: c’est que tout ce qui se passe là-bas nous rende un peu moins con...

Le Gavroche

Les inégalités jusqu'au bout des dents

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Mai 2019

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