Avec la crise, fini de rigoler. Plus que jamais, il faut être com-pé-ti-tif ! Prenez l’Allemagne, si souvent citée en exemple par nos patrons de la FEB. L’économie allemande s’est spectaculairement redressée depuis la crise de 2008. En 2010, la croissance pourrait y atteindre les 3 %, rien de moins. Comment expliquer ce «miracle» ? Par la sacro-sainte com-pé-ti-ti-vi-té, pardi! Compétitivité qui permet à nos voisins d’outre-Rhin de miser sur les exportations plutôt que sur la consommation intérieure. Certes, il y a un prix à payer : la modération des salaires. Mais qu’importe, puisque, justement, on ne compte guère sur la consommation des ménages... Bref, l’Allemagne est le pays de l’Union européenne où les salaires ont le moins progressé en dix ans, selon l’Office fédéral des statistiques. Voilà, estiment nos patrons, qui devrait faire réfléchir les travailleurs belges et leurs représentants à la veille des négociations interprofessionnelles: pour être plus compétitifs, ils doivent coûter moins cher.
Et s’ils ne sont pas convaincus, qu’ils relisent le très sérieux Financial Times du 8 octobre dernier. Il y est expliqué que l’Union européenne risque de perdre de sa compétitivité si on s’obstine à vouloir y « modérer » les salaires des dirigeants de banques... Car pour pouvoir compter sur les patrons les plus compétents et les plus performants, il faut leur offrir des salaires très très attrayants. Cela va de soi.
Donc, si l’on comprend bien, un salaire est dit compétitif quand il est (très) élevé pour un patron, et quand il est (très) bas pour un ouvrier... Tiens donc!