Je ne reverrai plus le mondeUn récit qui commence comme un voyage dans le passé. Quarante-cinq ans exactement. A moins que ce ne soit cinq siècles. Un récit où le temps présent se fige et devient omniprésent pour un homme sans futur, condamné à la prison à perpétuité. Cet homme, c’est Ahmet Altan. Redevenu Ahmet Hüsrev Altan pour la police, ses juges et ses geôliers. L’écrivain turc, emprisonné pour avoir été accusé de participation au push raté de 2016, nous livre avec Je ne reverrai plus le monde, un témoignage d’une Turquie hors du temps avançant trop lentement pour que l’Histoire ne se replie sur elle et que l’oppression ne broie à nouveau les opposant·e·s politiques. Ce témoignage, c’est son témoignage. Celui de cet homme condamné à vivre hors du temps et qui trouve la force dans l’inexorable foi que, si on refuse de jouer le rôle que la réalité nous impose, la réalité ne peut nous conquérir.

Par une phrase improbable, le refus d’une cigarette offerte par le policier qui était venu l’arrêter, sous prétexte que « je ne fume que quand je suis nerveux », Ahmet Altan ne se libère pas, mais il reprend son destin en main. Et à l’instar de la Turquie qui retourne dans son passé en l’emportant avec elle, Ahmet Altan montre la voie aux oppressé·e·s du monde entier en revisitant l’Histoire, celle de Jules César, Saint-Just, etc. sans oublier celle de son propre père.

 

Ahmed ALTAN, Je ne reverrai plus le monde, Actes Sud, Paris, septembre 2019