Hillary copyright Marc NozellDans un peu moins d’un an sera élu le successeur de Barack Obama à la présidence des États-Unis. L’occasion de faire le point sur un système électoral qui, ces dernières décennies, a mené plusieurs dynasties américaines à la Maison-Blanche. Parmi celles-ci, les Kennedy, Bush et autres Clinton. Comme en 1992, ces deux dernières familles tenteront de s’affronter au second tour par l’intermédiaire, cette fois, de Jeb Bush et d’Hillary Clinton. La politique américaine doit-elle être réduite à une question d’hérédité ? Le trublion républicain Donald Trump parviendra-t-il à inverser cette tendance ? Éléments de réponse.


Les élections présidentielles américaines ne cessent d’exercer fascination et étonnement tout à la fois. Écrivant en 1835, Alexis de Tocqueville pensait que le problème initial des pères fondateurs « était de trouver le mode d’élection qui, tout en exprimant les volontés réelles du peuple, excitât peu ses passions et le tint le moins possible en suspens » (De la démocratie en Amérique, I, I, VIII). Au seuil des prochaines élections, on est en droit de s’interroger sur l’existence d’un principe dynastique pour l’exercice des fonctions présidentielles. En effet, hormis Obama, deux familles trustent la Maison-Blanche depuis vingt-six ans (sans compter Prescott Bush, père de George H.W. Bush, qui fut élu sénateur dès 1952), et il n’est pas exclu que les noms de Bush ou Clinton se retrouvent sur les bulletins de vote à la Maison-Blanche en 2016, tout comme en 1992. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Non sans fermeté, la Constitution américaine prévoit : « Aucun titre de noblesse ne sera conféré par les États-Unis ». La chose est entendue. À la fin du 18e siècle, les révolutionnaires entendent renverser le joug anglais : la nouvelle République se doit de faire table rase de toute transmission héréditaire et des privilèges qui l’accompagnent. Pourtant, une veine dynastique semble bel et bien traverser le pays, et ce, depuis ses origines. Ainsi, la famille Lee, de l’État de Virginie, compte deux signataires au bas de la Déclaration d’indépendance, pour ensuite donner au pays trois gouverneurs, deux sénateurs, neuf membres de la Chambre des représentants et quatre généraux sudistes. Au niveau présidentiel, la famille Bush (41e et 43e présidents) fut précédée de la famille Adams (2e et 6e présidents), la famille Harrison (9e et 23e présidents), et bien entendu la famille Roosevelt (26e et 32e présidents). À eux deux, Théodore Roosevelt et son cousin Franklin ont jeté leur ombre sur la vie politique américaine de la première moitié du 20e siècle, de 1901 à 1945 (sans parler du rôle d’Eleanor dont l’influence – parfois encombrante – perdurera jusque dans les années 60). L’ombre du clan Kennedy régnera sur la vie politique américaine à partir des années 20 : le patriarche, Joe, tisse ses relations politiques et d’affaires durant les années noires de la prohibition, pour ensuite se voir nommé ambassadeur à Londres en 1938, avant de se consacrer tout entier à la carrière de ses enfants après 1945. Le « rêve » Kennedy continue à ce jour : Joseph P. Kennedy III, âgé de 35 ans, siège à la Chambre des représentants pour le 4e district de l’État du Massachusetts.
À l’occasion, les Américains eux-mêmes alimentent – ou sont bercés par – des rêves dynastiques. Ils se complaisent ainsi dans des réminiscences d’un âge d’or des Kennedy (Camelot) associé aux légendes du roi Arthur et des Chevaliers de la Table ronde. Aujourd’hui, à la veille des élections présidentielles de 2016, la question se pose de savoir si l’appétit des Américains pour les dynasties ne sera pas de nouveau éprouvé. Hillary Clinton, pour les Démocrates, et Jeb Bush, pour les Républicains, risquent de damer le pion au renouvellement de la classe politique américaine. En 2008, on évaluait à 40 % le nombre d’Américains n’ayant pas vécu sans un membre de la famille Bush ou Clinton à la Maison-Blanche. Au niveau étatique, les dynasties ne manquent pas non plus. Dans l’État de la Louisiane, nous avons la famille Long, en Géorgie la famille Russell, en Rhode Island la famille Chafee, les Bayards de l’État du Delaware, les Brekinridges du Kentucky et de Virginie, les Muhlenbergs de Pennsylvanie, les Taft dans l’État d’Ohio, les Daleys dans l’Illinois..

« La veine dynastique va de pair avec la constitution de réseaux, utiles pour le financement des campagnes électorales et l’entretien des contacts politiques. »

Un avantage comparatif ?

Qu’est-ce qui explique que la politique soit affaire de famille aux États-Unis ? Les réponses à cette question sont complexes.
Certains avancent que la multiplicité des scrutins, bien plus nombreux qu’ailleurs, encourage la reconnaissance de noms familiers. À l’instar d’un phénomène de marketing classique, nous ferions face à un phénomène d’ « instant name recognition ». On le sait, le consommateur se fiera davantage à une marque connue plutôt que de s’aventurer dans l’achat d’un produit à consonance mystérieuse. Certains politiciens jouiraient donc d’un avantage analogue, « brand name advantages », les plaçant dans une position intéressante par rapport à leurs concurrents non dynastiques. On ne peut le nier : la veine dynastique va de pair avec la constitution de réseaux éprouvés, utiles pour le financement des campagnes électorales (« fund-raising ») et l’entretien des contacts politiques (à côté de la famille Bush, n’oublions pas le rôle des Cheney, Ashcroft ou Rumsfeld, également présents sous les deux présidences).
Quelque part, le passage de témoin au sein d’une même famille suggère aussi la « compétence », particulièrement lorsque la vie politique dans son ensemble se distingue par ses dysfonctionnements exacerbés. Les États-Unis n’en sont pas dépourvus. Pour Julian Zelizer, professeur d’histoire à l’Université de Princeton, « Washington est cassé. Les électeurs et les donateurs des campagnes électorales cherchent des candidats qui semblent savoir ce qu’ils font ». Ceci étant, la lassitude guette le phénomène. Même la figure tutélaire et matriarcale de la famille Bush (Barbara) se serait plainte qu’un troisième Bush – président des États-Unis – serait celui de trop. Sur un plan plus militant, un site au nom évocateur, “NoBushesorClintons.org”, recueille aujourd’hui un succès notable.

Hillary, présidente ?

En fait, rien n’est encore joué. Si sa situation s’améliore aujourd’hui, Hillary Clinton a jusque récemment été embourbée dans l’appréciation critique de sa gestion du Département d’État américain (de 2009 à 2013). On pense d’abord à l’usage maladroit qu’elle fit de son compte électronique personnel, sans passer par un système de cryptage des données. Comme de bien entendu, les Républicains exploitent cette maladresse jusqu’à la corde pour stigmatiser les risques que pareil usage posait pour la sécurité nationale. Courant octobre 2015, madame Clinton fut sommée de s’expliquer devant le Congrès sur la débâcle du consulat américain de Benghazi de 2012 où quatre Américains perdirent la vie, y compris l’ambassadeur des États-Unis en Libye. Bien que l’on n’ait pas trouvé de preuve tangible (« smoking gun ») dans ces deux affaires, elles risquent de revenir dans l’actualité en 2016. De façon générale, les Américains perçoivent le nom des Clinton (Bill et Hillary) sous une nébuleuse d’impunité : une famille qui se sent, et se comporte, au-dessus des lois. Par association ou par ses propres actes, Hillary Clinton jouit d’un degré de confiance approximatif (« untrustworthy »). En tout état de cause, n’oublions pas qu’Hillary perdit les primaires démocrates de 2008 face à un candidat peu connu (Barack Obama) qui a su galvaniser les Américains avec des promesses de changement. L’essentiel de la campagne d’Hillary consiste dès lors aujourd’hui à faire son « rebranding ».

« De façon générale, les Américains perçoivent le nom
des Clinton (Bill et Hillary) sous une nébuleuse d’impunité : une famille qui se sent, et se comporte, au-dessus des lois. »

Du côté des Républicains

Quant à Jeb Bush, il peine à se démarquer de l’establishment qui l‘a enfanté. Or les Républicains traversent justement une période qui se distingue par sa rhétorique anti-establishment. Dans ces conditions, le discours populiste et théâtral d’un Donald Trump – pour outrageant qu’il soit – parvient à divertir les foules et touche une corde d’authenticité chez les Américains : un discours brut de décoffrage. Il en va de même des propos de Ben Carson, un neurochirurgien à la retraite, pour qui le droit de porter des armes permet aux Américains de ne jamais connaître le sort des Juifs sous l’Allemagne nazie... En guise de comparaison avec ces candidats, tout le reste paraît préconditionné, mis en scène et convenu. Le discours de Jeb Bush est assurément plus mesuré, marqué par un conservatisme modéré, fort similaire à celui de son père en 1992. Nombreux sont les Républicains à le trouver terne, voire ennuyeux. Sa prestation au cours du troisième débat des candidats républicains, le 28 octobre 2015, fut un désastre. Les modérés, quant à eux, ne lui pardonnent pas sa défense de la guerre menée par son frère en Irak ni sa froideur suite à l’énième massacre sur un campus américain : « stuff happens » (« ces choses arrivent »), a-t-il déclaré. Sa capacité à attirer les dons (100 millions de dollars en six mois : le record absolu) s’est asséchée au point de le contraindre à réduire les salaires de ses collaborateurs de 40 % et à procéder à une vague de licenciements conséquente. Aujourd’hui, les donateurs se tournent davantage vers Marco Rubio, le sénateur d’origine cubano-américaine de l’État de Floride, qui fut longtemps le protégé de Jeb Bush. Marco Rubio jouit en outre de talents oratoires impressionnants. Revenons quelques instants à Jeb Bush : un article du Financial Times (du 30 octobre 2015) considère que ses chances sont compromises. D’après le quotidien britannique, beaucoup aux États-Unis rechigneraient justement à soutenir la candidature à l’élection présidentielle d’une troisième personne provenant de la même famille.

« En 2008, on évaluait à 40 % le nombre d’Américains n’ayant pas vécu sans un membre
de la famille Bush ou Clinton à la Maison-Blanche. »

Un problème de fond

La veine dynastique aux États-Unis ne se cantonne pas à la seule classe politique. Des études menées par Thomas Piketty et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) démontrent l’absence de mobilité sociale intergénérationnelle aux États-Unis dans son ensemble. Quelque part, c’est souvent affaire de famille. Une personne née dans un milieu favorisé verra son avenir – et celui de ses enfants – largement dicté par ses origines sociales. À cet égard, les parents américains consacrent près de la moitié de leurs revenus à leurs enfants (47 %), contre 15 % au Danemark et 19 % au Canada. Assurément, Donald Trump est le trublion qui met à mal le fonctionnement traditionnel de la classe politique américaine, en ce compris ses relents dynastiques, mais lui-même n’est pas l’épigone du « self-made-man » qu’il veut bien prétendre. Certes, il s’agit de la première sortie politique de la famille Trump, mais papa – déjà grand magnat immobilier – et son legs de 250 millions de dollars ont mis le pied à l’étrier du petit Donald il y a longtemps. Il bénéficie de surcroît du soutien des frères Charles et David Koch, multimillionnaires, eux-mêmes héritiers d’un vaste empire pétrolier. En politique, comme ailleurs aux États-Unis, c’est souvent « business as usual ».
Enfin, reconnaissons-le : les Américains ne sont pas les seuls à être figés dans la transmission familiale de pouvoir. Le firmament politique de bon nombre de pays connaît pareil phénomène. L’élection de Justin Trudeau au Canada en fournit la preuve la plus récente. Nous pouvons également mentionner l’Irlande du Nord (la famille Paisley), la Grèce (les Karamanlis, Papandréou, Mitsotakis), l’Inde (Jawaharlal Nehru puis sa fille, Indira Gandhi et son fils, Rajiv ainsi que sa belle-fille, Sonia), la Birmanie (Aung San et sa fille, Aung San Suu Kyi), le Pakistan (Ali Bhutto et sa fille, Benazir)... Oserions-nous mentionner la classe politique belge ?
La culture politique de bon nombre de pays est marquée par une forme d’exercice de pouvoir oligopolistique. Si ce n’est la famille, d’autres moyens existent pour constituer des réseaux d’intégration hors desquels il n’y a point de salut. Aux États-Unis, une chose est certaine : c’est le pays de tous les extrêmes. Le dynamisme peut voisiner avec l’assoupissement, l’intelligence avec l’ignorance abjecte, la permissivité avec l’ordre le plus réactionnaire. Il faut espérer que les élections de 2016 déboucheront sur une « recivilisation » de la politique américaine. Cela suppose des valeurs de patience et de respect et un rapprochement du public avec les élites, pour que celles-ci ne se complaisent pas dans une arrogante insularité, avec ou sans cadre familial. #
(*)François VAN DER MENSBRUGGHE : Professeur de droit à l’ULg et à l’Université Saint-Louis de Bruxelles

 Les enjeux intérieurs des prochaines élections


Trump copyright Gage SkidmoreEn novembre 2016, les Américains seront appelés aux urnes pour choisir le 45e président de leur histoire. L’occasion de s’intéresser aux enjeux intérieurs de ce scrutin, souvent méconnus de ce côté de l’Atlantique.
En tête de liste : une reprise fragile de l’économie qui repose sur un taux d’endettement des ménages incommensurable, un déficit commercial gigantesque et une précarité de l’emploi qui va croissant. En lien avec l’économie, le pays s’interroge plus que jamais sur l’avenir de son approvisionnement énergétique. Si le président Obama a longtemps tergiversé sur la construction d’un oléoduc qui traverserait le pays depuis le Canada pour aboutir dans le golfe du Mexique (XL-Pipeline), le sort de cette question semble devoir attendre l’issue des prochaines élections. Mais une chose est sûre : l’industrie du pétrole et du gaz, largement pourvoyeuse des contributions financières chez les Républicains, attend d’être récompensée pour son soutien. Par ailleurs, la sécurité énergétique semblait venir jusqu’il y a peu de l’exploitation de gaz de schiste, mais au vu de la diminution du prix des matières premières, le boom de cette exploitation a fait long feu.

Le vivre ensemble mis à mal

Longtemps connu pour offrir l’image d’un « melting pot » qui forçait l’admiration, le pays de l’Oncle Sam est aujourd’hui traversé par un questionnement sur l’immigration qui choque par la violence du propos. Ainsi, Donald Trump souhaite expulser onze millions d’immigrés (dont les Mexicains qu’il qualifie de « violeurs ») et ériger un mur tout le long de cette frontière. Et certains États se sont déjà livrés à des réformes des plus contestables.
Le président Obama – loin de régler le problème de l’immigration – a plutôt mécontenté la population latino-américaine (au point de se voir accoler le sobriquet de « Deporter-in-Chief »). Ne disposant pas d’une majorité au Congrès, cela n’est sans doute pas entièrement de sa faute.
Au demeurant, il n’existe pas de consensus du côté des Républicains sur ces questions. Jeb Bush, mariée à une Mexicaine, est justement contesté au sein de son camp pour s’être exprimé en faveur d’une régularisation des immigrés illégaux. Pour lui, l’immigration constitue un moteur de vitalité économique des États-Unis, voire un « acte d’amour » pour le pays, quand bien même les immigrés auraient enfreint la loi. Il s’est également distingué des autres candidats républicains avec ses prises de position en matière d’éducation, soutenant un renforcement national des standards d’enseignement (le « Common Core ») en collaboration avec la Gates Foundation et le président Obama. Pareille preuve de coopération bipartisane aux États-Unis est suffisamment rare pour être soulignée.

Plus de plafond

Plutôt que de procéder à une recension de tous les enjeux des prochaines élections américaines, attachons-nous à deux questions plus fondamentales qui détermineront l’avenir du pays.
La première concerne le déroulement même des élections, celles de 2016 et celles qui suivront. La plupart des analystes s’accordent pour dire que le financement – quasi illimité – des campagnes électorales américaines obère de façon significative l’impartialité des élections.
La Cour suprême porte sa part de responsabilité dans cet état des choses. Dans un arrêt rendu en 2010 (Citizens United v. Federal Election Commission), elle libère les campagnes électorales de l’essentiel des contraintes financières, au nom de la liberté d’expression. Autrement dit, il n’existe plus de plafond pour les contributions. Il s’en suit une ouverture quasi totale des vannes qui inondera les campagnes menées à travers les États-Unis de centaines de millions de dollars, provenant de sources pour le moins influentes. Les frères Koch, Annette Simmons, ou encore Sheldon Adelson (grand magnat des casinos de Las Vegas) s’en vantent ouvertement (ce dernier offrit pas moins de 93 millions de dollars aux Républicains lors de la campagne électorale de 2012). Si le président Obama a d’abord condamné cet arrêt (en des termes on ne peut plus vifs dès le lendemain de son prononcé), on ne perçoit plus de volonté chez lui, ni a fortiori chez Hillary Clinton, de revenir à la situation antérieure. On les comprend. La chose est trop belle pour être vrai pour les grands candidats, démocrates ou républicains. Le seul candidat qui aborde le sujet frontalement, pour exprimer sa réprobation de Citizens United, est le sénateur démocrate de l’État du Vermont, Bernie Sanders.
Ce dernier, un septuagénaire qui se revendique ouvertement du socialisme, exploite les réseaux sociaux avec talent, recueillant des milliers de contributions modestes. De fait, il a d’ores et déjà amassé un trésor de guerre conséquent. Reste que ses chances de l’emporter aux primaires pâlissent en comparaison avec celles d’ Hillary Clinton. Les deux candidats ont d’ailleurs débattu lors du premier débat télévisé côté Démocrates, mais Hillary Clinton a sans conteste l’ascendant pour à la fois arrondir les angles, amasser les fonds et faire fonctionner la machinerie démocrate à plein.
« Au sein de la société américaine, on constate un ensemble d’attitudes racistes qui perdurent. À certains égards, il y a même régression. »

Un retour en arrière

Le deuxième problème qui ne manquera pas de survenir au cours des prochaines années concerne l’(in)aptitude des Américains à surmonter leurs différends. En ligne de mire ? Les clivages raciaux.
L’élection de Barack Obama en 2008 fut porteuse d’un vent d’espérance. Aujourd’hui, il faut bien le reconnaître : le terrain gagné est mince. Le sort funeste d’un Michael Brown à Ferguson (Missouri) ou d’un Eric Garner à New York ne sont pas les avatars d’un soir. Ils illustrent l’échec d’un vouloir-vivre collectif où tous les Américains sont traités à parts égales. Bien plus que de simples bavures policières ou l’illustration d’un système carcéral dysfonctionnel, il s’agit bien d’un ensemble d’attitudes racistes qui perdurent. À certains égards, il y a même régression. Les avancées significatives du Voting Rights Act de 1965 (illustrées l’année dernière dans le film Selma), ont largement été mises à néant par la Cour suprême dans son arrêt Shelby County v. Holder (juin 2013). Plusieurs États se sont déjà engouffrés dans la brèche pour entraver le vote des Noirs. Enfin, une série de différends porte sur des problèmes de société, tels le droit à l’avortement, le mariage gay, le droit de porter des armes, ou encore la place de la religion. L’extrême polarisation à laquelle ces questions donnent lieu mène à des conflits sourds, au point que les Américains eux-mêmes parlent de « guerres culturelles » (« culture wars »).
La recherche du bonheur (« The pursuit of happiness ») est inscrite dans la Déclaration d’indépendance. Quel que soit le vainqueur des élections de 2016, la réalisation de cette exhortation singulière relèvera de la gageure. #


credit photo 1 : Marc Nozell  photo 2 : Gage Skidmore