Au lendemain de la défaite des Diables rouges en coupe du monde, le peuple belge semble groggy. Cela se comprend. Au fur et à mesure de la compétition, on y croyait. On se prenait presque à en rêver de plus en plus. Pourtant, il n’en sera rien. Adieu les téléviseurs gratuits et les casiers de bières offerts. Adieu aussi aux drapeaux ornés de marques publicitaires, aux offres promotionnelles plus farfelues les unes que les autres... et au nationalisme exacerbé auquel on a assisté (une première pour notre pays, non ?).
La pilule avalée, je suis soudain assailli de doutes. Cet engouement sans précédent n’est- il pas davantage dû à un marketing savamment orchestré plutôt qu’à un amour inconditionnel du drapeau (ou du maillot, c’est selon) et de la Brabançonne ? Avec son marketing, ses lobbies et son public de plus en plus trié sur le volet, le football n’est-il plus qu’une machine économique qui broie tout sur son passage ? Sans notre dose quotidienne d’opium et d’hérésie collectifs, va-t-on pouvoir à nouveau se concentrer sur le sort d’une immense partie de la population brésilienne, littéralement aux abois ? Ou bien sur celui des centaines de morts sur les chantiers des futures enceintes du mondial 2022 au Qatar ? À moins que notre dépendance à l’élixir du ballon rond ne soit décidément
trop forte et qu’elle nous fasse
tout oublier ?

Le Gavroche

Les inégalités jusqu'au bout des dents

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Mai 2019

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